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année universitaire 2006-2007

VIP-Blog de dreillard
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  • Créé le : 04/10/2006 02:29
    Modifié : 24/06/2007 14:30

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    Les débuts de Charles Martel

    08/11/2006 00:35

    Les débuts de Charles Martel


    Intro :

     

     

     

    Texte narratif extrait du Liber Historiae Francorum, chronique anonyme du début du VIIIème siècle qui prend la suite de la chronique du pseudo-Frédégaire. Il a été selon toute vraisemblance rédigé en Neustrie, dans un milieu opposé aux Pippinides mais paradoxalement plutôt favorable à Charles Martel, ce qui peut s’expliquer par sa période de rédaction, en 726, alors que Charles s’est imposé à la tête du royaume des Francs et a remporté ses premiers succès contre les Frisons et les Bavarois. L’écriture est donc très proche des faits rapportés, qui se déroulent de 714 à 721 et servent de conclusion au récit (détail du calcul si le temps : Dagobert III meurt en 715, son successeur immédiat est Chilpéric II (715-721) dont le rival et cousin germain Clotaire IV règne de 717 à 719. A la mort de Chilpéric II (721), Thierry IV, fils ou frère de Dagobert III monte sur le trône, la sixième année de son règne est donc 726). L’auteur, témoin direct de ce qu’il raconte, est dans l’ensemble assez objectif et son récit pêche plus par son caractère trop allusif sur certains points que par de véritables déformations idéologiques, ce qui n’est pas le cas des autres sources relatives à ces événements (continuation du Ps. Frédégaire, Annales de Metz) très favorables au contraire aux Carolingiens. Ce texte ne présente donc pas de difficulté critique particulière, c’est un écrit sincère qui est ce pour quoi il se donne. Il es néanmoins centré sur la personne de Charles Martel qui en est le véritable héros.

    Il rapporte comment après la mort de son père, Pépin II de Herstall (ou le Grand), en 714, Charles Martel, dernier survivant de son lignage, dut lutter pour s’imposer face à l’aristocratie neustrienne alliée aux Frisons et aux Aquitains et désireuse d’accaparer la charge de maire du Palais sous le prétexte de restaurer la royauté mérovingienne. Charles, après avoir vaincu ses ennemis, passe une alliance avec le duc Eudes d’Aquitaine qui lui laisse les mains libres au nord de la Loire.

    Ce texte montre qu’au début du VIIIème siècle, après une cinquantaine d’année de crise du pouvoir royal mérovingien, la succession à la mairie du palais est devenue plus importante que la succession sur le trône. Quels sont donc les enjeux de cette succession, dans un contexte de réduction de la puissance franque ?

     

    Ce document se prête à un commentaire linéaire avec une partie consacrée à chaque paragraphe : le temps des difficultés (2 premier §), le temps du renouveau, le temps de la victoire. On peut aussi suggérer un plan thématique plus charpenté : Une crise de succession associant succession royale et succession à la mairie du palais ; Réduction de la puissance franque et intervention des principautés périphériques ; Le transfert des attributs de la royauté au maire du Palais.

     

     

     

    I-                   Trouver un successeur au roi et surtout au maire du palais

     

     

     

    A-    les partis en présence :

     

     

     

    -         le parti neustrien : parti pro-mérovingien (principales résidences des rois mérovingiens = Paris, Soissons, Noyon, en Neustrie). Le roi que choisissent les Francs sous l’influence de Ragenfrid est un symbole en lui-même d’un projet de restauration mérovingien, puisqu’il est le fils de Childéric II et de Bilichilde, eux-mêmes enfants de Clovis II de Neustrie et de Sigebert III d’Austrasie, donc petits-enfants de Dagobert Ier. Il est donc descendant direct de Dagobert et de Clotaire II par ses deux parents. Enfermé au monastère et privé du pouvoir au profit des autres descendants de Clovis II par Ebroïn après le meurtre de ses parents, il est ramené à la dignité royale par le parti neustrien et reçoit alors le nom de Chilpéric II, nom du père de Clovis, qui doit symboliser un nouveau départ pour la dynastie. (v. tables généalogiques)

    -         Ce projet de restauration neustrien reste néanmoins à nuancer : certes, Ragenfrid, lui-même de lointaine ascendance carolingienne, associe étroitement le roi au gouvernement, ce qui est matérialisé par le fait que le roi l’accompagne dans tous ses déplacements. Mais ce roi est aussi un facteur de légitimation pour ce descendants du groupe des Wulfoald-Gonduin qui a donné tous les maires du palais neustriens au VIIème siècle à l’exception d’Ebroïn et Waraton et est le grand rival des pippinides pour la suprématie au sein de l’aristocratie franque.

    -         L’autre parti est celui de Charles, appuyé sur l’Austrasie (les opérations se déroulent toute dans une zone à l’ouest de la Meuse, dans les Ardennes, en forêt Charbonnière (grande forêt qui prolongeait autrefois les Ardennes à travers toute l’actuelle Belgique) et dans le Cambrésis, zone qui matérialisait la frontière entre Neustrie et Austrasie. Charles tarde à se choisir un roi et construit sa propre légitimité comme chef de guerre. Il est partisan de la poursuite de la politique de son père de mise en tutelle du roi et de gouvernement du maire du palais appuyé sur l’aristocratie austrasienne.

    -         Mais pour réussir, Charles doit d’abord affirmer sa légitimité dans son propre camp.

     

     

     

    B-    Rivalités et crises de succession au sein de la famille Pippinide :

    Charles <> héritier naturel de Pépin, car il est le fils d’Alpaïde, une concubine de Pépin, et doit donc affronter l’opposition de Plectrude, son épouse légitime.

    Mais la famille pippinide se trouve en proie à une crise qui menace sa survie même : les fils légitimes de Pépin, Grimoald et Theodebald, sont morts avant leur père, et il ne laisse que des petits-fils, Théodebald et Arnulf, trop jeune pour gouverner seul, et grâce auxquels Plectrude légitime son pouvoir (pouvoir critiqué par l’auteur dans la lignée de ce qui a été vu la semaine dernière à propos de la défiance envers le pouvoir féminin des hommes du MA). Théodobald est mis en fuite => perd sa légitimité de chef de guerre (+ Arnulf fait prisonnier) => le camp pippinide se retrouve sans prétendant.

    Charles Martel intervient alors comme l’homme providentiel qui peut rallier autour de lui les réseaux de fidélité de son père et réunir les Austrasiens pour les mener au combat.

     

     

     

    C-    La victoire de Charles Martel :

    3 batailles victorieuses : sur le Rhin contre Radbod, puis à Amblève et à Vinchy contre les Neustriens : par la 1ère, rejette les Neustriens hors d’Austrasie et se rapproprie une partie du trésor de son père, puis par la seconde, rétablit la suprématie austrasienne => retour à la situation de Tertry (687).

    Mais sa victoire est aussi idéologique : ses adversaires, en s’alliant avec un païen et en attaquant un dimanche de Carême alors que Charles avait offert la paix apparaissent comme des mauvais chrétiens. Donc Charles, dans le discours du rédacteur du LHF, apparaît par contraste comme un bon chrétien, son attitude annonçant le vainqueur de Poitiers.

    Dès 717, Charles est donc maître des tria regna, il tient personnellement la Neustrie et l’Austrasie et la Bourgogne fait retour à son demi-frère Arnulf. Mais il lui manque toujours une légitimité : le roi neustrien est en fuite auprès d’Eudes d’Aquitaine.

    ð      Charles négocie avec Eudes qui rend le roi (compromis connu par ailleurs : en échange, Charles renonce à intervenir au Sud de la Loire).

    ð      Nouvel équilibre dans le royaume entre le Nord tenu par Charles sous un nouveau roi choisi par Charles et le Sud sous l’influence d’Eudes.

    La même année, 721, Arnulf meurt et Charles le remplace par son frère Childebrand.

     

     

     

    II-                L’affaiblissement du royaume des Francs et les tentatives autonomistes en périphérie.

     

     

     

    La victoire décisive de Charles sur les Neustriens est encadrée par deux victoires sur des puissances extérieures, les Frisons et les Aquitains, deux peuples nominalement soumis aux Francs mais qui ont réaffirmé leur autonomie voire leur indépendance, marquant ainsi un affaiblissement de la puissance franque.

     

     

     

    A-    L’intervention des Frisons :

    Alliance de Ragenfred = bien pensée, car Radbod a revanche à prendre sur les Pippinides. En effet, il avait été vaincu par Pépin II et contraint à se soumettre aux Francs, soumission matérialisée par le mariage de sa fille avec Grimoald en 711. Mais assassinat de Grimoald en 714 par des espions frisons le dégage de ses engagements.

    Alliance prend la forme d’une amicitia, lien d’engagement réciproque entre deux individus égaux, au contraire de la soumission imposée par Pépin. Noter l’importance des liens personnels, même dans les relations avec les autres peuples.

     

     

     

    B-    L’intervention d’Eudes d’Aquitaine :

    Intérêt d’Eudes = préservé l’autonomie acquise par son père Loup à la fin du VIIème siècle. En fait, maire du palais ne tiennent que les tria regna, et les principautés périphériques sont gouvernées par leurs propres ducs qui s’y comportent comme les maires du palais, exerçant la réalité du pouvoir sous l’autorité nominale du roi mérovingien.

    Eudes, en mettant la main sur le roi réaffirme sa légitimité. Mais il tient aussi un moyen de pression sur Charles Martel pour lui imposer de négocier.

     

     

     

    C-    Le compromis de 721 et le partage des zones d’influence :

    « alliance » de Charles et Eudes est aussi appelée amicitia par les Annales de Metz et foedus par le continuateur de Frédégaire. C’est donc un véritable traité entre égaux que concluent le maire du palais et le duc, se reconnaissant un pouvoir équivalent dans leurs zones d’influence respective. Eudes rend le roi Chilpéric en échange de la garantie que Charles ne tentera rien contre l’Aquitaine. C’est au nom de cette alliance que Charles se porterait au secours d’Eudes en 732, utilisant le raid musulman pour réaffirmer son pouvoir sur cette région qui lui échappe en 721. Les présents ne sont donc pas un tribut déguisé, mais une marque de bonnes relations entre les deux hommes.

     

     

     

    III-              Le transfert des attributs de la royauté au maire du palais.

     

     

     

    A-    Le trésor et les fidélités base de la puissance :

    Armée = troupes de fidèles en armes qu’il faut rémunérer, d’où le besoin du trésor et du butin, que Charles ne cesse de chercher à se procurer. Inversement, l’un des premiers soucis de Ragenfred et Chipéric est d’obtenir de Plectrude le trésor des Pippinides pour pouvoir appuyer le pouvoir royal sur cette base matérielle et ainsi rémunérer des fidèles et accroître leur armée.

    Coût croissant de ces fidélités, car armée est de plus en plus composée de spécialistes combattant à cheval et portant un armement très cher.

     

     

     

    B-    Charles, chef de guerre et négociateur de la paix :

    Captation par Charles de deux aspects majeurs du pouvoir royal : la conduite de l’armée et la négociation avec l’étranger. Le roi représente normalement le royaume face à l’étranger, hors ici c’est Charles qui accapare ce rôle. Plus encore, par ses victoires, il capte le charisme du mund.

     

     

     

    C-    L’affaiblissement du pouvoir royal et le principat :

    Ainsi, les cheveux longs des rois que l’on laisse rituellement repousser quand ils sont sortie du monastère, ne deviennent plus qu’un symbole vidé de son sens par l’action de Charles. Si le roi conserve les apparences du pouvoir, Charles, comme son père avant lui, en tient la réalité : c’est le principat (le maire du palais qui réunit les tria regna se fait appeler, pour marquer son pouvoir, princeps Francorum, premier des Francs, sous entendu après le roi). Ce pouvoir est très lié à la puissance militaire car le prince des Francs est celui qui dirige l’armée et les débats lors de sa réunion dans le cadre de l’assemblée qui, en particulier, choisit le roi. Donc, quand le texte dit « les Francs se choisirent pour roi », il faut comprendre qu’ils suivirent le choix du maire du palais, Ragenfred puis Charles, qui présidaient l’assemblée.

     

     

     

    Conclusion :

     

     

     

     

    Plus qu’une simple crise successorale, le texte nous met face à un moment de choix décisif dans le royaume des Francs où la rivalité entre Neustrie et Austrasie ouvre sur une véritable opposition sur la place faite au roi mérovingien dans le gouvernement du royaume. Il met en avant la nécessité d’une réaction nécessaire face à l’affaiblissement de la puissance franque, menacée par des puissances étrangères comme les Frisons et même par les princes devenus autonomes de ses anciennes dépendances, telle l’Aquitaine. Charles, par son action résolue et ses talents de chef de guerre apparaît comme le plus à même d’entreprendre cette œuvre de restauration, au dépend d’un roi de plus en plus privé de pouvoir.






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