Intro : Les Documents :
Traité de Verdun = l’un des + fameux traité de tte l’histoire, et pourtant, aucune copie ne nous en est parvenue => connu uniquement par sources narratives.
Toutes les annales, chroniques et histoires de l’époque l’évoquent : choix des trois principales.
1- Annales de Saint-Bertin (source retenue ici) : du nom du monastère où était conservée le principal manuscrit.= en fait suite sans interruption des Annales Royales à partir de 830, d’abord rédigée comme celles-ci au palais par des clercs de la Chapelle, puis à partir de 833 par Prudence de Troyes, évêque proche de Louis le Pieux. En 840, Prudence se rallie à Charles le Chauve => AB deviennet annales officielles de Francie Occidentale. Néanmoins, jusqu’à la mort de Prudence en 861, elles gardent un ton assez neutre, malgré un léger a priori en faveur de Charles. Ensuite, avec Hincmar de Reims, elles deviennent une œuvre d’histoire officielle. Prudence, proche de Charles, a pu lui aussi assister aux événements et est donc fiable.
2- Nithard, Historiae Libri IV : Nithard = contemporrain des événements, fidèle de Charles le Chauve auquel celui-ci demande, en 843, de consigner par écrit l’histoire de la succession de Louis le Pieux pour la garder pour la postérité. => une œuvre très polémique, marquée par une opposition de faits et de principe à Lothaire, et donc très partiale (met systématiquement en avant le rôle de Charles et de son allié Louis le Germanique et la perfidie de Lothaire, le frère – ennemi). + un défaut bien involontaire : Nithard est tué au combat en 844 contre les Aquitains, avant d’avoir achevé son œuvre. Il manque donc l’année 843, et cette source très riche et très détaillée n’aborde pas le traité de Verdun lui-même, n’évoquant que sa préparation.
3- Annales de Fulda : rédigées et conservées au monastère de Fulda, fondation de saint Boniface à la limite entre Hesse et Saxe, donc au cœur de la Germanie. Généralement favorable à Louis le Germanique. Mais ici, l’extrait est tellement laconique (comme souvent avant les années 860) qu’il peut apparaître très objectif. Par contre, le moine rédacteur n’était sans doute pas présent sur place et ne doit tenir son récit que d’un témoignage de seconde main.
Une fois cette analyse faite, recouper les sources pour voir ce que chacune apporte, et reconstituer une chronologie des faits :
Juin 842 : rencontre des trois frères à Mâcon et accord autour de l’idée d’un partage équitable du royaume. Trêve jurée.
Eté : retour de chaque frère dans le lot qui lui avait été attribué avant la mort de leur père.
Septembre : Réunion des envoyés des rois à Metz. Charles et Louis à Worms, Lothaire à Thionville. Désaccord sur les conditions de la réunion.
Octobre : Réunion à Saint-Castor de Coblence. On découvre que personne ne connaît précisément les territoires à diviser.
Hiver 842 / 843 : Inventaire du royaume.
843 (sans doute en février – mars) : réalisation du partage : définition par les grands de chaque camp des trois parts égales et attribution des parts. Confirmation de l’accord par serment.
Grands traits communs : rôle des grands, rôle de la foi jurée, difficulté à appréhender la réalité matérielle des territoires à partager. + mise en valeur, tout au long des textes, des structures de négociation et des processus de validation d’accord.
Pbic : Une négociation très longue et complexe qui débouche, après deux ans de guerre de civile, sur un acte de droit international très exceptionnel = création de trois états à partir d’un seul. => étude du déroulement et des étapes de la négociation qui forment le fil conducteur de la réflexion, et au sein desquels il faudra mettre en valeur les grands traits communs définis plus haut.
Type même de textes qui supportent très bien le traitement chronologique (à condition de bien suivre une chronologie reconstruite à partir de tous les doc et pes celle d’un seul d’entre eux).
I- L’accord sur le partage.
A- Des temps troublés :
(2ème et 3ème paragraphes + flèches des invasions sur la carte) : invasions, guerre civile et rivalité entre grands (meurtre de Renaud par Lambert), famines induites par ses séries de combats et de pillage => idée d’une punition divine (tremblement de terre).
B- Un compromis nécessaire :
Entrée dans une phase diplomatique (échange de missi à interpréter comme des ambassadeurs) ce qui sous-entend que l’idée d’un partage entre trois « États » est de fait acceptée (diplomatie concerne relations entre États)
Le texte tait que Lothaire conserve son titre impérial qui lui laisse une prééminence de forme sur ses deux frères (à qui l’auteur est favorable). Mais il doit céder sur l’essentiel : le partage.
II- La mise en œuvre du partage.
A- L’inventaire du royaume :
Envoi de missi à interpréter dans le sens plus classique d’enquêteurs qui établissent un état des revenus et des domaines fiscaux (conservé pour la Rhétie, actuelle Suisse).
Ce qu’il est important de connaître, c’est ce qui fait l’objet du partage. Il importe moins, à l’époque, de connaître les limites territoriales que les villae, d’où l’inventaire ou l’état dont parlent les sources. Ce sont bien ces domaines qui sont partagés en trois parts égales ensuite réparties entre les frères, ce qui explique que par la suite, les lots débordent de part et d’autre des frontières « naturelles » qu’ont tenté d’adopter les négociateurs. + nécessité d’avoir accès au heartland carolingien, qui explique que la part de Louis déborde à l’ouest du Rhin, autour des trois cités rhénanes qui lui sont concédées.
B- Les rois dans leur royaume :
Ex. de Charles qui parcourt son royaume pour y maintenir l’ordre, réduire la rébellion de l’Aquitaine, mais surtout pour se montrer, manifester son pouvoir sur les terres qu’il revendique, les occuper symboliquement (résidence à Quierzy et Saint-Quentin, deux lieux fréquentés par Charlemagne) et s’y assurer des fidélités. => pendant les négociations, les rois continuent à essayer d’affermir leur position.
III- La conclusion du traité et sa forme.
A- Un partage inédit :
Contre la pratique habituelle de partage du pays franc, entre Seine et Rhin, les trois royaumes sont définis par rapports aux regna périphériques (Bavière, Italie, Aquitaine), dans lesquels les rois avaient résidé avant la mort de Louis le Pieux. La vieille distinction Neustrie-Austrasie s’efface définitivement. Les frontières des nouveaux royaumes reflètent aussi les nouvelles frontières linguistiques, entre Roman, Vieil Haut Allemand, Italien et parler de transition. Ce rôle nouveau des langues vernaculaires est également souligné par les serments de Strasbourg (842).
B- Un traité juré ?
Pas de trace écrite du traité amène à se demander si il a été un jour mis par écrit. Les serments auxquels se réfère le texte des Annales de Saint-Bertin pourrait laisser penser que ce n’était qu’un accord oral. D’autant plus qu’elles donnent le texte intégral de tous les autres accords qui interviennent entre les frères dans les années qui suivent et pas de celui-ci qui est le plus important. Le seul qui aurait pu nous en livrer le texte oral était Nithard, qui l’avait fait pour le serment de Strasbourg. Mais il est mort avant d’avoir écrit la partie concernée. Ainsi, plus que l’acte écrit, qu’il est existé ou pas, s’est le serment échangé entre les frères en garantie de son application qui a retenu principalement l’attention des chroniqueurs, ce qui souligne l’importance de la foi jurée dans une société fondée sur la fidélité et la vassalité.
Conclusion : Un traité fondateur, mais dont les contemporains n’ont peut-être pas eu tant que ça conscience de l’importance (traités suivants, qui organisent les rapports entre les frères et créent la fiction d’une unité de l’empire divisée : la confraternitas, semblent avoir beaucoup plus intéressés les hommes de l’époque). Pour eux, il était surtout important comme conclusion d’une guerre civile et fratricide de 13 ans (830 : première révolte de Lothaire contre Louis le Pieux).
En 843, personne ne sait que le partage qui vient de se faire est définitif, et que de lui naîtront la France, l’Allemagne, l’Italie, et les États qui les séparent. Les clercs, surtout, qui sont nos premiers informateurs, sont en général favorables à l’unité de l’empire, et il semble que nombre de contemporains ont cru que celle-ci serait bientôt retrouvée.