Illustration : l'Europe en 900, un ensemble en voie d'émiettement politique.
Pour commencer, mise en garde : fin de l’empire <> fin de la dynastie carolingienne qui continue à régner en Germanie jusqu’en 911 et en Francie Occidentale jusqu’en 987, en alternance avec les robertiens. La majorité de ceux qui supplantent les Carolingiens au cours du X° siècle (y compris les Capétiens) tirent une large partie de leur légitimité des alliances familiales contractées par leurs ancêtres avec les Carolingiens.
ex. : Baudouin de Flandres, premier grand seigneur à se rendre autonome = petit-fils de Charlemagne.
Bérenger de Frioul, concurrent à la couronne d’Italie = petit-fils de Gisèle, elle-même fille de Louis le Pieux.
Rodolphe de Bourgogne = un Welf, descendant du frère de l’impératrice Judith.
Plus tard au X° siècle, les Robertiens (descendants de Robert le Fort) épousent des princesses de sang carolingien, après avoir été très lié, au IX°, avec le clan des Welfs ; et les Ottoniens qui s’emparent du trône allemand et de l’empire, s’ils n’ont pas de sang carolingien, peuvent au moins se vanter d’avoir eu deux ancêtres féminines mariées à un Carolingien allemand (les épouses de Louis III le Jeune et de Arnulf de Carinthie).
ð Le X° siècle reste profondément carolingien dans ses dirigeants, son idéologie politique, les familles qui tiennent le pouvoir. La véritable différence avec l’âge carolingien “ classique ” des VIII° - IX° siècles est à chercher dans l’émiettement de plus en plus poussé du pouvoir qui débuté en 888 et qui en un siècle, mène de la dernière réunification impériale à la société féodale.
ð Texte à comprendre comme l’amorce d’un processus contre lequel ont lutté en vain les Carolingiens et qui fini par emporter leur pouvoir, même s’ils en restent nominément maître.
L’auteur : Réginon de Prüm = fruit de la renaissance carolingienne à son apogée, élevé dans l’un des plus grands monastères de Germanie, dans l’ancienne Lotharingie, là où l’influence caolingienne a été la plus forte et la plus durable. Imbu des principes d’unité de l’empire et de puissance du pouvoir royal soutenu dans son magistère par l’épiscopat (De Synodalibus Causis et Principibus qui définit les devoirs de l’évêque carolingien et fonde les bases du droit canonique). Mais signe des temps, il est chassé du monastère de Prüm dont il est devenu abbé car les moines n’acceptent plus de suivre les préceptes de la réforme bénédictine.
A partir des années 900, Réginon, retiré à Saint-Martin de Trêves devient le témoins impuissant de la décadence d’un monde dans lequel il ne se reconnaît plus vraiment. Il en rend comte dans sa Chronique, histoire universelle qui du début de l’humanité à 907, retrace la lente décadence du genre humain dont les désastres présents annonce la fin du monde prochaine.=> vision téléologique et eschatologique de l’histoire, dans laquelle l’épisode de l’éclatement de l’empire constitue le “ début de la fin ”.
Le texte : Retrace les grands événements des années 887-888 en deux grandes phases :
· Du 11 novembre 887 au 13 janvier 888, la destitution de Charles III le Gros assure le pouvoir à Arnulf, le fils bâtard de Carloman de Bavière, qui prétend préserver l’unité de l’empire à son profit.
· A partir de la fin janvier 888, la disparition du dernier carolingien légitime permet aux grands de tous les regna de se révolter contre Arnulf qui en fait se désintéresse de tout ce qui n’est pas la Germanie et de choisir leurs propres rois issus de leur rang. L’Italie, moins soumise au pouvoir carolingien, est la première à s’insurger. En Francie et en Bourgogne, des tractations entre les nouveaux souverains et Arnulf assurent leur soumission en principe à Arnulf. Réginon affirme vigoureusement son opposition à ces événements.
Problématique : Comprendre comment, derrière les réticences de Réginon, les événements dont il rend compte reflètent en fait un processus inéluctable de décomposition du pouvoir, qui le remet en adéquation avec les conditions nouvelles de la société.
Plan :
I- L’incapacité impériale :
A-Un empereur plein de bonnes intentions…
B-…mais incapable de gouverner.
C-Un empire qui ne répond plus aux exigences de la réalité.
II- Des princes capables de répondre à des attentes :
A-L’expression des autonomismes…
B-…et la capacité à défendre le royaume…
C-…facteur de l’installation de nouveaux pouvoirs.
III- Un nouveau monde de princes égaux :
A-Les principes : la théorie d’O. Guillot.
B-L’égalité des princes, cause de l’explosion de l’empire, ou Réginon analyste lucide d’une situation complexe.
C-Vers la naissance des principautés territoriales.(noter que Réginon néglige de parler de l’autonomisation contemporraine du comte de Flandres et du duc d’Aquitaine qui a même tenter de se faire proclamer roi).
Conclusion :
Début d’un processus complexe de décomposition du pouvoir, qui en remettant en cause l’autorité des Carolingiens va peu à peu saper celle de leurs successeurs, et donc l’idée même d’autorité royale.