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année universitaire 2006-2007

VIP-Blog de dreillard
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  • Créé le : 04/10/2006 02:29
    Modifié : 24/06/2007 14:30

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    La Vie de Saint-Amand

    27/10/2006 00:50

    La Vie de Saint-Amand


    Illustration : l'épisode de la résurrection du pendu dans le plus vieux manuscrit de la vie de saint Amand, Valenciennes, Bibliothèque Municipale, ms. 502, fol. 25 v et 26.

    Intro :

     

     

    Le texte est un extrait de la Vie de saint Amand. Cette œuvre fut composée par un disciple d’Amand, moine à Elnone (aujourd’hui Saint-Amand les Eaux), traditionnellement baptisé Beaudémont ou Baldmund. Elle date de la fin du VIIème siècle et est de peu postérieure à la mort du saint.

     

    Elle appartient malgré tout à un genre particulier, l’hagiographie (écrits en rapport avec les saints), qui utilise des codes spécifiques reproduit d’œuvre en œuvre : les topoi. Elle a en outre fait l’objet d’une réécriture partielle à la fin du VIIIème siècle, et le plus vieux manuscrit que l’on en conserve date du XIème siècle (Valenciennes, bibliothèque municipale, ms. 502).Elle doit donc être manipulée avec prudence, car elle ne vise pas à témoigner de la réalité mais d’une vérité d’un autre ordre, la sainteté d’Amand, qui doit servir de modèle aux fidèles chrétiens. D’où l’alternance d’éléments de contextualisation (lieu cité précisément, nom du comte, recours à un témoignage) qui encadrent des passages qui sont en fait des topoi (dureté de la mission, miracle qui entraîne la conversion des foules).

     

    Les événements du texte sont datés du règne de Dagobert, sans qu’il soit précisé s’il s’agit de son règne en Austrasie (623-629) ou sur tout le royaume des Francs (629-639), ils sont avec certitude antérieurs à l’accession d’Amand à l’épiscopat, en 647, puisqu’il n’est pas appelé évêque et dépend d’un autre évêque, Achaire de Noyon.

     

    Cette source est donc un document qui témoigne plus d’une vision idéale de ce que devait être une mission au VIIème siècle qu’un document factuel sur ce phénomène, même si certains éléments d’énonciation apportent des informations exploitables.

     

    Le texte rapporte la façon dont Amand mena une mission dans le pagus de Gandao, c’est-à-dire dans l’actuelle région de Gand, pour y convertir les populations encore païennes et ainsi les intégrer à l’ordre mérovingien. Un miracle lui permet d’obtenir de nombreuses conversions.

     

    Amand était un aquitain né à l’extrême fin du VIème siècle. Très tôt voué à une vie religieuse, il fut marqué par l’exemple de Colomban et décida de mener une vie de missionnaires dans les zones encore mal christianisées du nord des Gaules, essentiellement sur la vallée de l’Escaut. Avec l’appui des aristocraties locales, il fonda un monastère à Elnone (Saint-Amand) pour servir de base à ses entreprises. Son succès se traduisit par le rétablissement du diocèse de Maastricht dont il devint évêque en 647 et la fondation de plusieurs autres monastères avec le soutien de la puissante famille pippinide à Gand (Saint-Bavon et Saint-Pierre au Mont-Blandin) et à Nivelles. Mais il ne put se satisfaire des fonctions d’évêque et abandonnant son siège à un disciple, il reprit la route pour évangéliser les Wascons puis les Slaves. Il mourut en 675 ou 676 en léguant tous ses biens à ses diverses fondations monastiques. Cette œuvre missionnaire se fit donc en collaboration avec le pouvoir royal, dont elle améliorait le contrôle localement, et le grand lignage pippinide qui occupait la fonction de Maire du Palais en Austrasie. Loin d’être isolé, Amand put compter sur l’active collaboration des puissants de son temps.

     

    Pbic : ce texte traduit donc la constante tension entre l’idéal religieux d’Amand, une vie de pénitence menée au service de Dieu, et ses obligations envers les pouvoirs de son temps.

     

    Il faut donc d’abord envisager le saint missionnaire avant d’étudier Amand comme un grand au service du roi, et enfin la tension entre vie de l’esprit et vie politique.

     

     

    I- Le saint missionnaire :

     

     

    Toute cette partie s’appuie essentiellement sur les topoi présents dans le texte. Plus qu’un récit des mission d’Amand, elle permet de construire un schéma général de l’œuvre d’un missionnaire au VIIème siècle.

     

    A-    La difficulté de l’œuvre missionnaire :

     

     

    Lieu de la mission : topos du lieu hostile, sauvage, peuplé de barbares païens, reposant sur une opposition civilisation – barbarie issue de l’Antiquité et sur laquelle les hagiographes ont plaqué l’opposition chrétiens – païens.

     

    Image du païen = très stéréotypée, on apprends des rites et coutumes de ces peuples.

     

    Propos à nuancer : on apprend au paragraphe suivant que la zone est administrée par un comte franc. Ce que le texte n’avoue qu’à demi-mot, c’est que la mission d’Amand se déroule au cœur du pays franc salien, et pas dans une terre étrangère et barbare.

     

    De même, ce lieu décrit comme inculte et quasiment désert accueille pourtant en fin de texte une foule venue se convertir => contradiction interne entre deux topoi repris tels quels : le lieu de mission est forcément un endroit très pénibles, pour justifier les souffrances endurées par le saint, mais parallèlement, le succès de la mission exige des conversions nombreuses.

     

     

    B-    La conversion par la persuasion :

     

     

    L’épisode du miracle qui entraîne l’adhésion spontanée des populations à la foi chrétienne reflète un idéal de la mission : que la conversion soit volontaire et fondée sur la persuasion plutôt que fruit d’une violence politique ou armée. Se traduit pas une image = transformation des temples en église (<> à destruction des temples).

     

    Cela permet aussi à l’hagiographe de mettre l’accent sur les qualités individuelles du missionnaire.

     

     

    C-    le prédicateur :

     

    Le missionnaire est d’abord un homme de parole. Le début et la fin du texte insistent sur ce rôle de messager de la parole du Christ qui intervient en fait après la conversion et non avant :

     

    -         début du texte : Amand prêche dans « les localités et les paroisses » : existence de structures paroissiales est un signe que les populations ainsi exhortée par le saint sont déjà chrétiennes.

     

    -         Fin du texte : « nourrissant le peuple de la parole sacrée il éclairait les cœurs de tous de la doctrine céleste » : une fois le baptême reçu, ça n’est qu’un premier pas vers une vie chrétienne. Le missionnaire doit œuvrer à l’approfondissement de la foi, à la christianisation des mœurs…

     

    La conversion n’est donc pas qu’un choix personnel de recevoir le baptême. Dans des sociétés marquées par l’importance du groupe d’appartenance, c’est un acte collectif qui engendre des modifications des relations sociales et politiques.

     

     

    II- Un grand au service du roi :

     

     

    A-    Amand l’aristocrate au service de Dieu :

     

    Mauvais traitements de la part de femme et de paysans : humiliation ultime pour un homme noble et chrétien (paysan = païen, paganus). Par sa mission, Amand se met donc volontairement dans une position d’humilité opposée à l’attitude de la classe à laquelle il appartient. Mais ce faisant, il détourne l’idéal aristocratique dans le domaine religieux, en faisant preuve dans sa foi d’une abnégation parallèle à celle du guerrier au combat. + courage face à des conditions difficiles. => le missionnaire reste un aristocrate inscrit dans une éthique aristocratique de l’agon.

     

     

    B-    L’insertion dans les hiérarchies de l’époque :

     

     

    Cadre de la mission = un pagus administré par un comte, circonscription fondamentale du RF. Dans une zone privée de structure diocésaine (disparition des cités romaines au moment de l’installation des Francs), le missionnaire dont donc composer avec les autorités civiles qui assurent sa protection.

     

    Il s’intègre dans la hiérarchie politique puisqu’il sollicite l’accord du roi pour mener sa mission, ainsi que dans la hiérarchie politique puisqu’il demande l’accord de l’évêque dont il dépend, Achaire de Noyon. => Elnone est dans le diocèse de Cambrai, mais zone où la vie diocésaine a été très perturbée, les sièges épiscopaux sont donc tenus par des évêques déjà titulaires d’autres sièges plus au sud et à l’ouest, en particulier Noyon souvent associé à Cambrai ou Arras. = zones de reconquête chrétienne.

     

     

    C-    Au nom du roi et avec son aide :

     

     

    Lettres royales : réalité d’une pratique qui s’oppose à la conversion librement consentie, puisque l’ordre royal consiste à encourager les conversions forcées. Cela suppose que le missionnaire peut recourir à la force armée avec l’aide du comte, donc qu’il collabore avec lui, ce qui explique qu’il apparaisse également dans le cercle de ses conseillers pouvant chercher à influer ses décisions, au tribunal par exemple.

     

    Cette aide du roi s’intègre dans une politique globale d’unification du RF, menée par Clotaire II et Dagobert Ier, et qui s’appuie en particulier sur le réseau épiscopal. Cela exige donc que toutes les populations du royaume soient chrétiennes.

     

     

    III- La tension entre vie de l’esprit et vie publique :

     

     

    A-    Un missionnaire pas si solitaire :

     

     

    Le texte affirme qu’Amand est abandonné par ses compagnons, pourtant, au chapitre suivant, ils sont à ses côtés pour assister au miracle. => solitude du missionnaire abandonné de tous = un topos de l’époque, et le fruit d’un genre qui se focalise sur le saint au dépend de son entourage. En fait, l’organisation d’une mission demande un certain personnel de prêtres, diacres et religieux pour mettre en place les bases de la vie religieuse dans les zones de conversion. Cela demande donc aussi des moyens et le soutien d’institutions (diocèse, royauté, grandes familles) capables de les fournir.

     

     

    B-    Le conflit avec le comte : deux idéaux opposés :

     

     

    Passage consacré à l’intervention d’Amand en faveur d’un condamné à mort = plus original et témoigne de tensions à l’œuvre dans une société en cours de christianisation :

     

    -         le comte veut appliquer la mort au nom d’un principe d’utilité sociale auquel s’oppose l’idéalisme pacifique chrétien qui condamne toute mise à mort ;

     

    -         Amand, par sa compassion, s’oppose également à la foule qui a torturé le coupable avant de le livrer au tribunal comtal.

     

    -         le comte veut appliquer une loi coutumière, instinctive (v. la pression de la foule qui a déjà torturé le coupable et fait pression sur le comte pour obtenir sa mort), tandis qu’Amand est du côté de la loi royale, la loi salique, qui prescrit la réparation pécuniaire plutôt que la vengeance. A une forme d’utilitarisme social (éliminer les criminels pour les empêcher de nuire) s’oppose une autre vision du maintien de l’ordre dans la société : la compensation qui évite le cycle des vengeances.

     

    Tout se passage s’intègre dans une vision chrétienne qui renvoie à plusieurs passage des évangiles : le voleur battu et exécuté rappelle le bon laron de la crucifixion, mais aussi l’image du Christ battu et condamné par la foule pendant la passion. Il est donc l’incarnation du principe édicté par Jésus selon lequel ce que l’on fait aux pauvres et aux souffrants est un bienfait envers le Christ lui-même.

     

    Il y a donc, au-delà des conversions suscitées par la résurrection de l’homme, un projet plus global d’imposer les valeurs chrétiennes comme base des relations sociales.

     

     

    Conclusion :

     

     

    Ce texte traduit bien, à travers la personne d’Amand, la tension entre l’idéal chrétien et une société encore partiellement christianisée et que l’œuvre des missionnaires achève de convertir. Ce processus de conversion est à l’œuvre chez les populations encore païennes, mais aussi au sein même de l’espace déjà christianiser, pour y approfondir la foi des laïcs. Cet aspect devient dominant dans les dernières décennies du VIIème siècle, à l’époque où est rédigé ce texte et alors que tout le RF est devenu chrétien. Il annonce la réforme qui sera mise en œuvre au VIIIème siècle.

     

     






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