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année universitaire 2006-2007

VIP-Blog de dreillard
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  • Créé le : 04/10/2006 02:29
    Modifié : 24/06/2007 14:30

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    Les capitulaires saxons

    26/11/2006 18:42

    Les capitulaires saxons


    Intro :

     

    Deux textes qui sont des capitulaires, c’est-à-dire des textes législatifs ou réglementaires qui reçoivent leur nom de leur structure en brefs chapitres. = forme typique de la législation carolingienne.

    3 grands types de capitulaires :

    - les capitularia ad legem addenda, textes législatifs qui complètent la loi salique ou une autre législation nationale en vigueur dans le royaume des Francs.

    - les capitularia missorum : circulaires servant d’instruction et de pense bête aux missi dominici.

    - les autres capitulaires qui peuvent être des textes réglementaires consacrés à un sujet précis (les capitularia des Villis ; les capitularia de exercitu promovendo), des diplômes de concession de droits très détaillés (le capitulaire des Hispani) ou des traités internationaux (le pactum veneticum ou le pactum Hludowicianum).

    Les textes ici donnés appartiennent à la première catégorie.

    Les capitulaires sont placés sous l’autorité du souverain qui en est l’auteur théorique. Mais ils sont le fruit d’une œuvre d’élaboration collective, par les grands laïcs et ecclésiastiques, dans le cadre des plaids généraux (grandes assemblées réunies sous la présidence du roi pour la convocation et la dissolution de l’armée, en mai-juin et en septembre-octobre, à laquelle devaient assister tous les comtes, évêques, abbés et vassaux du roi, pour y délibérer des affaires du royaume) => « il a plu à tous que… » « A l’ordre du roi s’étant assemblés, au palais d’Aix, les vénérables abbés …. » Le fruit de ces délibérations est réuni dans un texte qui est lu en public par le roi (adnuntiatio). C’est la parole du roi (verbum regis) qui lui donne force de loi (= promulgation).

    Le premier s’intègre dans le contexte de la conquête de la Saxe, entamée par Charles dès 771, et intensifiée au début des années 780. Á partir de 782, les nobles saxons se rallient progressivement à Charles et commencent à se convertir. En 785, seul Widukind et ses proches poursuivent la lutte en Nordalbingie. En avril, ce dernier négocie sa reddition. Il reçoit le baptême à Attigny le 23 mai, jour de la Pentecôte, alors que Charles tient son plaid général. Le capitulaire doit donc avoir été rédigé dans les jours qui suivirent cet événement qui consacrait l’annexion de la Saxe au royaume des Francs.

    Le second intervient alors que la situation de la Saxe semble se normaliser. Il est daté très précisément du 28 octobre 797. En fait, les assouplissements apportés au régime de 785 incitèrent certains saxons à se révolter au printemps 798, qui se prolongea sporadiquement jusqu’en 802 et fut le dernier grand mouvement d’opposition saxon à la conquête, preuve qu’à cette date, la majorité des Saxons avaient déjà accepté le pouvoir du roi des Francs.

    Ces textes montrent l’alliance étroite entre conquête franque et conversion au christianisme, entre christianisation et insertion dans les structures administratives et légales franques et enfin l’évolution d’un statut d’exception dans une terre récemment conquise vers une normalisation et le retour au droit commun.

    Pbic : La conquête et la christianisation de la Saxe permettent son intégration au monde franc et, en retour, la consécration de certaines coutumes saxonnes par la loi carolingienne. Pourquoi était-il donc si essentiel pour Charlemagne de convertir les Saxons ?

     

     

    I-                   La Christianisation de la Saxe, prolongement de la conquête :

     

     

    A-    La Saxe, terre païenne :

     

    3 éléments semblent, dans le texte, caractériser le paganisme saxon : texte 1, c. 1 : les temples, les idoles (= deux stéréotypes du paganisme) et texte 1, c. 4 : la crémation des défunts (mais problème : archéologue retrouvent traces d’inhumation en Saxe dès le VIIème siècle) => probablement coutume restée en vigueur dans le petit peuple.

    Justification de la conquête = conversion des païens au service de l’Église.

     

    B-    Une christianisation violente et forcée fondée sur la menace de mort :

     

    - obligation de la conversion (texte 1 cap. 4) sous peine de mort qui rappelle le massacre de Lippespring de 781.

    - Répression violente de toutes les atteintes au christianisme (texte 1, c. 1-3 : destruction des églises, vol du mobilier liturgique, atteinte au clergé).

    - La peine de mort apparaît comme la punition normale pour les païens, plus proches de l'animal que e l'homme (d'autres textes comparent les Saxons à des chiens qu'il faut dresser)

     

    C-    Une conversion religieuse et politique :

     

    Caractère ambigu de ces mesures qui peuvent aussi avoir un sens politique :

    -         les clercs, dont le meurtre est puni, sont aussi des agents du roi ;

    -         texte 1 c. 5« quiconque complotera avec les païens » : menace pour l’ordre public (poursuite de la résistance dans quelques poches isolées, surtout en Nordalbingie) et danger de trahison (alliance avec les Danois et les Slaves restés païens contre les Francs) => rester païen est une atteinte à la sécurité du royaume.

    -         Texte 1 c. 6Manquement à la fidélité au roi = punie comme les manquement à la foi, car en latin, foi et fidélité se disent pareil (fides). Le fidelis est aussi bien le chrétien que le fidèle du roi. Le chrétien, qui a la foi, est celui en qui l’on peut avoir « confiance » (cum fide) alors que le païen est par nature perfide (m. à m. « sans foi »), donc sa fidélité ne vaut pas. Celui qui n’est pas fidèle au roi est donc suspect d’être païen.

     

    La conversion de la Saxe avait donc des motivations religieuses, mais c’était également un moyen pour Charlemagne d’y instaurer l’ordre politique franc.

     

     

    II-                La mise en place des institutions franques :

     

     

    A-    La mise en place de l’administration franque :

     

    Surtout texte 1 + chapitre 1 et 7 du texte 2 :

    Comtes (francs nommés en Saxe pour y assurer l’administration, dans des circonscriptions plus vastes que les comtés du cœur du royaume), missi dominici (très importants dans une zone vaste et sous-administrée où ils servent de relais entre le roi, les comtes et la population), plaids comtaux = tribunal (remarquer que le texte 1 instaure les peines et en même temps les juridictions qui seront chargées de les prononcer), prêtres qui ont un rôle de surveillance, et qui annoncent la mise en place de structures épiscopales et la coopération des comtes et des évêques dans l’administration.

    Ban du roi + service = convocation à l’armée pour y effectuer le service militaire du par les hommes libres.

     

    B-    La mise en place d’une législation inspirée de la loi franque :

     

    Texte 2 c. 1 : réaffirmation du 1er devoir du roi chrétien = protection des plus faibles. Structure typiquement carolingienne que les capitulaires ne cessent de reprendre qui sont également un signe d’approfondissement de la christianisation de la Saxe.

    L’interdiction du rapt et de la violence privée est également un classique de la législation capitulaire qui réserve le monopole de la violence à l’État et au roi.

    Les dispositions des c. 3 et 4, relative à la compensation, sont issues des lois saliques et ripuaires, les deux grands codes francs sur lesquels se fonde la justice carolingienne.

     

     

    C-    L’intégration de la Saxe au royaume des Francs :

     

    Le c. 3 du texte 2 place les Saxons sur un pied d’égalité légale avec les Francs. Le c. 1 montre qu’en 797, la situation en Saxe était assez normalisée pour que les hommes libres saxons soient convoqués à l’Ost franc sans que Charlemagne ne craignent qu’ils ne trahissent ou se retournent contre lui.

    Cette évolution se traduit par les liens qui se créent très vite entre noblesse franque et saxonne. Par exemple, Widukind, d’abord relégué dans un monastère, est libéré dans les années 790 et devient comte en Saxe. Il resta toujours fidèle à Charles par la suite. Ses descendants épousèrent des franques.

     

    Le deuxième texte témoigne de cette évolution, en particulier par le biais du principe compensatoire, qui est un signe de christianisation (v. le cours sur les lois d'Ethelbert et celui sur la Vie de saint Amand.)

     

    III-             Les coutumes saxonnes, de la condamnation du paganisme à la rédaction de la Loi des Saxons :

     

     

    Evolution : le premier texte est imposé par les Francs et Charlemagne, le second est issu d’une délibération commune des grands du royaume et des « Saxons des divers cantons » (c'est-à-dire les délégués de la noblesse saxonne désigné par comtés, pagus).

     

    A-    Des coutumes nationales condamnées au nom du paganisme :

     

    Texte 1 en général, et plus particulièrement le c. 7, qui interdit les assemblées traditionnelles, qui étaient la base de la vie publique en Saxe et associait délibérations collectives sur la gestion du groupe et rites propitiatoires païens. Ces assemblées des nobles de chaque région de Saxe avaient un rôle essentiel pour le gouvernement d’un ensemble qui ne devient jamais une royauté unifiée mais resta toujours une confédération tribale. Elles sont donc supprimées et Charlemagne leur substitut les tribunaux comtaux francs => briser les cadres de vie et solidarités traditionnels.

     

    Mais les Carolingiens n’avaient pas les moyens matériels, et sans doute pas la volonté, de transformer les Saxons en Francs. Ils les intégrèrent à leur univers politique tout en conservant certaines de leurs traditions sur lesquelles ils pouvaient appuyer leur gouvernement, notamment en réaffirmant la structure sociale distinguant les nobles, les libres et les lites (semi-libres attachés à un maître), ce qui leur permettait de s'appuyer sur ls premiers pour tenir les autres.

     

    B-    Le retour des assemblées saxonnes en 797 :

     

    Les Saxons des cantons qui participent à l’assemblée d’Aix sont issus du même type d’assemblées, qui au temps de l’indépendance, désignaient les délégués qui se rendaient à la grande assemblée annuelle à l’Irminsul. Mais la structure est réaménagée dans le cadre du royaume des Francs, et les délégués ne se rendent désormais plus dans un lieu de culte païen symbole de la nation saxonne, mais dans le centre du pouvoir politique et religieux du roi des Francs.

    Les assemblées locales réapparaissent également sous l’appellation de plaids dans le c. 8 (« qu’alors les hommes du canton se réunissent en commun plaid »)  mais sans mention du comte, ce sont donc des assemblées distinctes du plaid comtal. Elles ont néanmoins des prérogatives judiciaires dans un cadre légal qui ressort de la coutume saxonne.

     

     

    C-    La codification de la loi saxonne :

     

    Á la période de la conquête durant laquelle les Saxons sont soumis brutalement à la loi franque succède une période de reconnaissance qui voit la prise en compte puis la mise par écrit des coutumes judiciaires saxonnes. Le c. 8 en est un exemple très net puisqu’il décrit une procédure pour faire appliquer une décision de justice qui n’existe ni dans la loi salique ni dans la loi ripuaire, et qui doit donc être typiquement saxonne (on sait qu’elle l’est car elle apparaît ensuite dans la version rédigée de la Loi des Saxons).

    Cette loi saxonne est citée nommément dans le c. 7. En fait, au moment où le texte est écrit, ça n’est pas encore une loi écrite, mais un ensemble de coutumes orales qu’ont commencé à rassembler les comtes exerçant en Saxe. Elle fut mise par écrit après 802, lorsque Charles, lors d’une assemblée tenue à Aix, décida de faire mettre par écrit, sur le modèle des lois franques, toutes les lois du royaume.

     

    Dans un souci d’efficacité administrative, les Francs laissèrent donc en place un certains nombres de coutumes et de pratiques locales qui pouvaient servir de relais à leur pouvoir. En retour, les populations locales acceptaient mieux une domination qui, en respectant leurs particularismes, se faisaient moins oppressante.  L’unité qui manquait à la Saxe au temps de son indépendance prit alors corps autour du christianisme et du service du roi carolingien.

     

     

    Conclusion :

     

    Les liens étroits tissés entre la dynastie carolingienne et l’Église, plus substantiels qui ceux qui avaient existé sous les Mérovingiens, orientèrent toute l’idéologie politique de la période. Le roi carolingien, protecteur de l’Église, se devait de convertir les païens et de les intégrer à son royaume. On observe une confusion entre royaume des Francs et chrétienté, les sujets du roi étant forcément chrétiens. Ce principe fondait le lien de fidélité qui devait unir les sujets à leur souverain et se fondait sur la foi partagée. Ainsi les rois carolingiens pouvaient-ils adresser leurs actes solennels à « tous les fidèles de Dieu qui sont aussi les nôtres. »






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