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année universitaire 2006-2007

VIP-Blog de dreillard
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  • Créé le : 04/10/2006 02:29
    Modifié : 24/06/2007 14:30

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    L’Election de Hugues Capet d’après Richer.

    21/02/2007 01:00

    L’Election de Hugues Capet d’après Richer.


    Illustration : le monogramme royal d'Hugues Capet. En reprenant ce signe de validation des diplômes royaux créés par les Carolingiens, Hugues se plaçait dans leur filiation symbolique.

    Corrigé établi d'après M. Zimmerman, dans M. Kaplan (Dir.), Le Moyen Âge (IVème-Xème siècle), Paris, Bréal - Grand Amphi, p. 412-416. (en bleu les précisions que j'ai ajoutées)

    Remarques préliminaires : les objectifs du texte.

     

                Evidents dès le premier abord :

     

    ·     l’avènement de la dynastie capétienne

     

    ·     le mode de transmission du pouvoir royal.

     

    Apparents dans un second temps :

     

    ·     la justification d’un “ coup d’Etat ” ;

     

    ·     le pouvoir des “ Grands ” au Xéme siècle.

     

     

    1-   Présentation du document

     

     

    Extrait de l’Histoire (Historiarum Libri Quatuor), de Richer.

     

     

                La nature de la source

     

    ·     Une histoire. Au cours des premiers siècles du Moyen Age, on distingue la chronique et les annales, récits purement chronologiques, fondés sur la succession des temps et pouvant remonter aux origines de la Création- et l’histoire, œuvre plus savante et élaborée, portant sur un objet particulier (nation, époque) et ayant des buts théléologiques.

     

     

    L’auteur et son œuvre

     

    ·     Richer (v.940-après 998), moine de l’abbaye Saint-Rémi de Reims depuis 969, disciple de Gerbert d’Aurillac dont il nous décrit l’enseignement, entreprit à la demande de son maître d’écrire l’histoire de son temps. Son œuvre, comprenant quatre livres d’histoire (historiarum libri quatuor) embrassant la période 888-995, devient originale après 966, où il rapporte les événements dont il fut le témoin.

     

    ·     Richer est un imitateur docile des historiens romains, Salluste en particulier ; il se montre peu soucieux de chronologie, plus attentif à diagnostiquer les symptômes des maladies royales. Beaucoup d’historiens minimisent la valeur de son témoignage. Si les sentiments qu’il prête aux personnages, les discours qu’il leur attribue suscitent la méfiance, il reste une source de premier ordre, pratiquement la seule pour le règne de Hugues Capet. Sa situation en fait un observateur de premier plan des troubles agitant la province de Reims.

     

     

     

    2-   Analyse

     

     

    L’essentiel du texte est occupé par le discours de l’archevêque Adalbéron, dont l’argumentation développe 3 points :

     

    ·     le trône ne s’obtient pas par droit héréditaire, mais par l’élection du meilleur ;

     

    ·     le meilleur est le duc Hugues, alors que Charles a déchu ;

     

    ·     l’intérêt public mais aussi les intérêts privés exigent le choix de Hugues.

     

     

    ð le duc Hugues est élu par tous les peuples présents et couronné.

     

     

     

    3-   Mise en place du document

     

     

    Quels éléments du texte exigent des éclaircissements préalables ?

     

     

     

    v la situation du royaume franc en 987 :

     

    ·     la situation du royaume franc en 987. Le 21 ou 22 mai, mort du Carolingien Louis V. Agé de 20 ans, ne laisse aucune descendance. Seul Carolingien survivant : son oncle, Charles, depuis 977 duc de Basse - Lorraine qui, contrairement à une tradition pluriséculaire, n’a pas été appelé en 954 à partager le pouvoir de son frère Lothaire. Les “ grands ” du royaume, princes territoriaux et fidèles du roi, sont alors réunis à Compiègne pour juger l’un des leurs, l’archevêque de Reims, Adalbéron.

     

    v la réunion de Senlis et la personnalité d’Adalbéron :

     

    ·     Fils d’un comte de Metz, chanoine à Metz, Adalbéron est élu archevêque en 969. Prélat remarquable, il réforme son diocèse. D’origine lorraine, il devient (sous l’influence de Gerbert ? ) partisan de l’Empire restauré en 962. En 985, il tente de déjouer la tentative du roi Lothaire pour s’emparer de la Lorraine, enjeu permanent entre France et Germanie. Accusé de trahison, il parvient à se justifier. Mais le nouveau roi Louis V le poursuit de sa vindicte et le traduit le 18 juin 987 devant une assemblée réunie à Compiègne. Après la mort du roi, la présidence de l’assemblée passe à Hugues Capet, duc de France, le + important personnage du royaume après le roi ; Hugues obtient facilement la disculpation d’Adalbéron qui joue un rôle de premier plan dans la suite des événements.

     

     

    A son initiative relayant celle du duc, l’assemblée de Compiègne décide de s’ajourner pour se réunir plus tard à Senlis, afin de procéder à la désignation du nouveau roi.

     

     

    4-   Explication

     

     

    ·     Le texte est un discours construit selon les règles de la rhétorique classique ; son argumentation fournit l’axe de l’explication, à condition de regrouper les éléments dispersés ou répétitifs.

     

    ·     Une question préalable est celle de l’authenticité d’un discours retranscrit au style direct. F.Lot n’y voyait que le “ développement oratoire d’un moine lettré ”. Mais Richer a pu recueillir des informations circulant dans le clergé rémois ; si les idées développées sont moins celle d’Adalbéron que les siennes, elles sont révélatrices de l’image que les contemporains gardaient de l’épisode => texte témoigne plus de la vision de la royauté qu’avaient les hommes de la fin du X° siècle que de la réalité de l’élection d’Hugues :

     

    ·     hérédité ou élection ? le choix du roi ;

     

    ·     la gloire de Hugues Capet

     

    ·     souci de l’intérêt public et défense des intérêts privés ;

     

    ·     les mobiles d’Adalbéron et le sens de sa victoire.

     


     

    I-   Le choix du roi : hérédité ou élection ?

     

     

    1-   Le cadre

     

    ·     L’assemblée se réunit à Senlis dans les derniers jours de juin ; donc sur le territoire du duc des Francs. C’est avec son autorisation qu’Adalbéron prend la parole.

     

    ·     “ cour plénière ” suggère que l’assemblée est au complet, que sont donc tous présents tous ceux qui constituent la “ cour ” du roi, les princes, ses vassaux, et les prélats titulaires d’évêchés royaux.

     

    ·     “ Grands ” = les vassaux directs du roi, tous ceux qui au nom de leur fidélité, peuvent prétendre à une part du gouvernement du royaume. Quant au mot Gaule, outre son caractère archaïsant, c’est le seul dont l’acception géographique s’étende à l’ensemble du royaume. (Francia, France, est beaucoup plus restrictif).

     

    ·     Le serment prêté par les grands reste obscur ; ou il sert à identifier la catégorie des grands (ceux qui, en échange de leur principauté tenue du roi, ont prêté serment), ou il a une signification immédiate (les grands présents à Compiègne ont-ils juré de ne rien entreprendre au sujet de l’élection du roi avant la réunion de Senlis ?)

     

    ·     En revanche, Adalbéron a bien préparé la réunion. Quand il prend la parole, il semble moins donner son avis personnel que résumer l’opinion générale (“ extraire de l’ensemble des opinions… un résumé du sentiment général)=> élection doit d’abord se fonder sur un consensus (procédure rejoint celle des plaids carolingiens de la fin du IX°).

     

     

     2- la naissance et l'électiion : 

    •  la succession royale, la naissance est une condition primordiale et souvent suffisante ; elle remonte à l’obligation faite aux Francs par Etienne II en 754 de ne jamais choisir un roi hors de la descendance de Pépin ; le problème ne se pose en 987 que parce que Louis est mort “ sans laisser d’enfants ”.
    •  Mais précisément, certains prétendent faire remonter cette légitimité à la génération antérieure ; Charles de Lorraine, oncle du roi défunt, a droit au trône “ parce que ses parents le lui ont transmis ” ; il est vrai que l’hérédité fait de tous les enfants mâles les co -héritiers du roi défunt et que c’est injustement que Charles a été écarté en 954 ; d’après les règles de l’hérédité, il est en 987 l’héritier légitime. Adalbéron doit donc démontrer que l’hérédité ne suffit pas.

       

     

    ·     “ Le trône ne s’acquiert pas par droit héréditaire ” : l’affirmation est péremptoire et partiellement contradictoire avec le début du propos. Pour Adalbéron, l’hérédité donne un certain avantage, mais le fils du roi défunt ne peut s’en prévaloir s’il ne réunit pas les qualités nécessaires à l’exercice de la royauté : noblesse, sagesse, honneur et générosité… et c’est la reconnaissance de ces qualités qui fonde le choix du roi.

     

    ·     Homme d’Eglise, Adalbéron privilégie un mode de recrutement, l’élection, qui est celui de l’épiscopat. Partisan de l’Empire, il fait de l’acclamation le signe de la reconnaissance divine. Seule élection permet à Dieu de guider vers le choix du meilleur.

     

    ·     L’histoire fournit une claire illustration du propos. L’hérédité ne désigne pas toujours le meilleur, puisque des “ empereurs de race illustre ” ont été déposés “ à cause de leur lâcheté ”. Adalbéron pense-t-il à Louis le Pieux déposé par ses fils ? à Charles le Gros déposé en 887 ? assimile-t-il empereur à Carolingien et pense-t-il à des précédents dans le royaume de France (emprisonnement de Charles le Simple) ?

     

    ·     Il sait toutefois que ces arguments juridiques et historiques ne peuvent emporter l’adhésion ; ils se heurtent au très fort sentiment de légitimisme carolingien qui a ramené au pouvoir, en 898 et en 936, les descendants de Charlemagne. Il faut donc trouver des arguments plus concrets et irréfutables.

     

    II-   La gloire de Hugues Capet

     

    Adalbéron passe en revue les mérites des deux candidats possibles, de manière à en exalter un aux dépens de l’autre=> ancrage dans le présent.

     

     

     

     

    1-   L’indignité de Charles

     

    ·     Adalbéron s’ingénie à démontrer que les droits acquis par l’hérédité et qui confèrent une certaine prééminence, Charles les abolit lui-même par son comportement ; sa “ déchéance ” résulte de sa “ faute ”.

     

    ·     pas d’honneur, indolence : Charles est en Lorraine et ne s’intéresse pas au royaume auquel il prétend ;

     

    ·     servi sous les ordres d’un prince étranger ; duc de Basse - Lorraine, il est depuis 977 vassal de l’empereur ;

     

    ·     s’est mésallié en épousant Adélaïde, fille d’un arrière-vassal du duc de France, Herbert de Troyes, mais à nuancer, car Herbert est de sang carolingien pur (descendant direct de Pépin d’Italie = famille de Vermandois).=> apparition de nouvelles règles de positionnement des individus dans la société : un Carolingien vassal apparaît inférieur à un non-carolingien duc ou prince.

     

     

    2-   La grandeur du duc

     

    ·     Ayant retrouvé en 960 le titre de duc des Francs, il est maître de la principauté de France, dont le territoire compris entre Orléans, Paris et Senlis constitue le centre de gravité ; seigneur féodal des seigneurs de la région, il possède une dizaine de comtés (Paris, Senlis, Dreux, Orléans…) et l’abbatiat laïc de plusieurs abbayes (dont Saint-Martin de Tours, d’où il tire son surnom de Capet). Marié à Adélaïde, fille du duc d’Aquitaine, il est uni par des liens familiaux aux autres princes du royaume. Vis-à-vis des derniers rois carolingiens, son attitude varie du soutien à l’affrontement ; en 983, il s’oppose aux tentatives de Lothaire sur la Lorraine et se rapproche de l’empereur. Il est le véritable maître du royaume, ce que Gerbert reconnaît en 985 : “ le roi de fait, c’est Hugues. ” ; jusqu’en 987, il se préoccupe de développer sa principauté et soutient la réforme clunisienne. Il ne manifeste aucune velléité de s’emparer de la couronne.

     

    ð Peut -être perçoit-il la force du légitimisme carolingien ? Aussi Adalbéron va-t-il en son nom développer une troisième série d’arguments.

     

     

    III-   Le service de l’Etat et la défense des intérêts particuliers

     

    1-   Le bonheur de l’Etat

     

    ·     Dans le royaume éclaté en principautés autonomes, l’idée de l’intérêt public n’a pas disparu ; du moins Adalbéron-Richer estime-t-il que les grands réunis à Senlis y restent sensibles (serait à discuter, car le Xème siècle est particulièrement marqué par la confusion du public et du privé) ; il affirme avec force que les relations particulières (inimitié envers le duc, affection pour Charles) doivent céder devant l’intérêt commun, et il appuie son appel de l’évocation d’une alternative apocalyptique (bon…méchant, prospérité…malheur) et manichéenne (lumière…ténèbres) ; le châtiment divin lui-même menace ceux qui emprunteraient la voie du malheur. Il est possible que cette belle envolée rhétorique et ces réminiscences classicisantes soient à mettre au crédit de Richer, mais il est vraisemblable que les princes et les évêques réunis à Senlis gardaient en l’esprit l’image d’un roi garant de l’ordre et de la justice… Néanmoins, tout ce discours sur l'Etat et le bien public est largement à mettre au crédit des milieux ecclésiastiques, mais ne trouve que peu d'échos chez les princes du Xème siècle, sinon sur un point : le roi doit respecter les équilibres entre les princes et ne pas utiliser la royautépour accroître sa propre principauté.

     

    2-   La richesse du duc

     

    ·     Cet appel à l’intérêt public risque d’être d’autant plus efficace que Hugues est capable de satisfaire les intérêts particuliers. Adalbéron achève son discours sur l’éloge de la puissance et la richesse du duc ; c’est l’image du père, du patron, du protecteur qu’il laisse à son auditoire ; c’est bien en définitive la perspective de fructueuses relations bilatérales qui doit emporter la décision des électeurs.

     

     

    3-   L’élection de Hugues

     

    ·     Le discours entraîne une adhésion unanime.

     

    ·     Le duc de France est porté sur le trône, vieux rite d’élévation signifiant la reconnaissance d’un pouvoir, puis couronné le 1er juin à Noyon. Le sacre interviendra seulement le 3 juillet à Reims.

     

    ·     La mention par Richer de tous les peuples qui élisent le nouveau roi mérite d’être relevée, même si on peut s’interroger sur l’opportunité de certains noms (Espagnols = Catalans ?) ; elle exprime la réalité d’un royaume déjà féodal, où le roi apparaît comme le fédérateur de principautés ou de nations “ autonomes ”.

     

     

    5- Intérêt du texte

     

     

    ·     L’apparition d’une théorie de la monarchie élective (même si Adalbéron n’est pas l’auteur d’un discours qui doit beaucoup à la culture classique de Richer).

     

    ·     Mais surtout la valeur symbolique- et paradoxale- de la date : l’avènement de la dynastie capétienne. Moins de 6 mois après son élection, Hugues Capet, en associant au pouvoir et en faisant sacrer son fils aîné Robert, rétablit les conditions d’une nouvelle hérédité.

     

    ·     Mais au moment même, c’est un non-événement : Hugues Capet n’est pas perçu par les contemporains comme le premier capétien mais comme le 4° Robertiens. Son élection ne provoque pas de rupture politique majeure.

     






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