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année universitaire 2006-2007

VIP-Blog de dreillard
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  • Créé le : 04/10/2006 02:29
    Modifié : 24/06/2007 14:30

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    Seigneurie et croissance dans les campagnes

    24/03/2007 00:16

    Seigneurie et croissance dans les campagnes


    Le travail des champs : le hersage, miniature d'un livre d'heures, XIIIème siècle. Observez l'usage du cheval, plus puissant que le boeuf, attelé à l'aide d'un collier d'épaule qui limite l'étranglement de l'animal. L'usage de la herse, qui permet de briser les mottes de terre soulevées par la charrue, afin d'aléger les sols, est également une inovation des temps féodaux.

    Sujet en « et » = rapport dynamique

    Définition des termes : seigneurie / système seigneurial : forme de domination globale (la seigneurie est à la fois foncière, banale et justicière) qui se caractérise par des prélèvements exercés sur le fruit du travail et sur la force de travail. La seigneurie est le cadre de vie normal des habitants d’Europe occidentale du XIème au XVème siècle au moins.

    Croissance : notion économique = la croissance est l’augmentation cumulative de la richesse globale produite. En économie moderne, elle se mesure par le taux annuel d’accroissement du PIB. Aux périodes plus anciennes, où les mesures statistiques sont délicates, elle s’évalue par rapport à divers éléments de contexte (niveau des prix, valeur de la monnaie, estimation de la production => sur ce point, l’étude de la seigneurie est étroitement liée à celle de la croissance au MA, car cette estimation est permise par les listes de revenus seigneuriaux).

    Campagnes : tout ce qui n’est pas la ville. Au MA, la définition de la ville est plutôt fonctionnelle (présence d’un évêché, d’une municipalité, organisation de foires, présence de murailles) que démographique (des sites considérés comme des villes au XIIème siècle rassemblaient au plus 1 millier d’habitant). Avec le mouvement d’émancipation urbaine du XIIème siècle, la différence se creuse entre des villes vouées au commerce et à l’artisanat spécialisé dont les conseils municipaux sont les seigneurs collectifs (sauf à Paris) et les campagnes vouées à l’agriculture et à l’artisanat quotidien, dans lesquelles la seigneurie reste le cadre quotidien.

    Pbme des bornes chronologiques non précisées : début = mise en place du système seigneurial autour de l’an 1000 => fin = crise de croissance du système seigneurial fin XIIIème – début XIVème siècles = crise économique + moteur de la croissance passe dans les villes.

    Pbic : pourquoi la croissance économique de l’Europe prend-elle un premier essor entre les XIème et XIIIème siècle, à l’époque où le système seigneurial est florissant ? Ce qui revient à se demander quel lien existait entre croissance et seigneurie : la croissance est-elle le fruit d’une accumulation seigneuriale ? ou la seigneurie bénéficie-t-elle de la croissance sans rien avoir à faire avec elle ? => la seigneurie porte la croissance, puis la croissance accompagne l’âge d’or des seigneuries.

     

    Plan :

      

    I-                   Seigneurs et Paysans : le système seigneurial.

    1-      La seigneurie foncière, banale et justicière :

     

     Seigneurie = d’abord un ensemble de revenus tirés d’une terre (revenus fonciers = le seigneur est propriétaire de la terre de la seigneurie dont il tire des droits d’usages) et des hommes (revenus banaux = le seigneur possède le droit de ban sur sa seigneurie, dont il tire des droits de contrainte, et dont dérive le droit de justice, basse, moyenne ou haute selon son rang). C’est l’ultime étape de l’évolution du grand domaine carolingien classique sur lequel les seigneurs ont progressivement accaparé l’autorité publique.

    Une seigneurie peut être foncière et banale ou simplement l’une ou l’autre (partage des droits entre plusieurs seigneurs => texte, seigneuries tenues en fief du roi ou le vassal n’a que les droits fonciers => prévôts et baillis).

    Le seigneur peut être un laïque, un évêque, une communauté religieuse, une collectivité (conseil municipal). Dans les deux derniers cas, on parle de seigneurie collective.

    Le seigneur exerce donc une double domination sur les paysans de sa seigneurie, en tant que propriétaire terrien et en temps que chef politique de la communauté villageoise.

     

    2-      Des revenus diversifiés pesant de façon inégale sur les communautés villageoises :

    Cette double domination s’exprime par une série d’obligations des paysans envers leurs seigneurs qui prennent essentiellement la forme de prélèvements sur la force et le fruit du travail. Ces prélèvements sont également fonction du statut des paysans qui peuvent être des serfs (attachés à la terre) ou des vilains (paysans libres de se déplacer).

    Prélèvements fonciers : La seigneurie foncière se divise en deux parties qui régissent deux types de prélèvements :

    -         Les tenures (cultivées en faire-valoir indirect par les paysans) : le cens recognitif (héritage carolingien = loyer de la terre) ils se payent en général à part de fruit (champard, décime, dixième…). Cependant, la croissance dans les campagnes se traduit par leur conversion progressive, à partir de la deuxième moitié du XIIème siècle, en prélèvements monétarisés, qui montre que les paysans peuvent vendre leurs surplus pour se procurer de l’argent.

    -         La réserve (mise en valeur en faire-valoir direct par le seigneur) : les corvées (journées de travail sur la réserve seigneuriale) qui sont plus nombreuses pour les serfs que pour les vilains. De plus, à partir du XIIIème siècle, les seconds les « rachètent » (ils payent une taxe supplémentaires pour ne pas les faire).

    Prélèvements banaux : Ils correspondent à divers droits de contrainte que les seigneurs peuvent exercer sur les paysans :

    -         Les coutumes : droits hérités du ban carolingien qui autorisent le seigneur à exiger divers « services » des paysans : le gîte et le couvert (rachetés sous forme de taxe), les droits et amendes de justice, les frais d’entretient du château et de sa garnison, la taille (impôt par tête), les taxes sur le commerce et l’utilisation des voies de communication (tonlieux et octrois).

    -         Les exactions : nouveaux prélèvements imposés par la force par les seigneurs au moment de la révolution châtelaine du XIème siècle en échange de leur protection = banalités ou droits d’usage des équipements collectifs (moulin, pressoir, four…) + divers droits pesant sur la circulation dans la seigneurie (taxe sur la poussière levée, droit de quitter la seigneurie), les ventes et mutations (mainmorte et droits de succession), les mariages (légende du droit de cuissage), l’exploitation des mines, le pillage des épaves…

    -         Le chevage, taxe personnelle due par les serfs en marque de leur statut.

    Autres prélèvements : Ils correspondent surtout aux dîmes et prémices accaparées au dépend de l’Église au XIème siècle, et que les seigneurs doivent rendre au début du siècle suivant. Les seigneurs vassaux directs d’un souverain lèvent aussi l’impôt royal (capitation, taille royale) dont ils conservent une partie à titre de rémunération.

    3-      Un rôle structurant dans les sociétés médiévales :

    Néanmoins, une seigneurie qui n’aurait été qu’une structure d’exploitation et de domination n’aurait pu se maintenir durablement. On connaît des exemples de révolte de paysans qui s’estimaient mal traités par leur seigneur :

    -         Vers 1160, les serfs de Saint-Denis se révoltent pour exiger le droit de se marier sans l’accord de l’abbé.

    -         Vers 1180, les paysans d’Ardres se révoltent pour protester contre la création de nouvelles exactions par le comte Arnoul V de Guînes, qui doit finalement reculer.

    Les paysans acceptaient donc la seigneurie dans la mesure où elle leur apporte un cadre structuré et où le seigneur remplis ses devoirs de protection envers eux sans abuser de son pouvoir. Á partir du XIème siècle, la seigneurie châtelaine et son corollaire, l’encellulement, induit en effet de profondes modifications, souvent positives, dans le cadre de vie des communautés paysannes.

    -         la fixation et l’organisation de l’habitat : les villages, encore très mobiles à l’ère carolingienne, se fixe sur un lieu unique, choisi avec soin pour ses qualités défensives et à l’écart des risques naturels. En son centre, le château, l’église paroissiale et le cimetière qui l’entoure deviennent les symboles de son identité. L’Église utilise le maillage seigneurial pour établir le réseau des paroisses. Ce village restera la cadre de vie quotidien de la majorité des Européens jusqu’à la Révolution Industrielle. Fixée et protégée, les populations peuvent investir à long terme, ce qui favorise le développement. En outre, cela crée des solidarités villageoises qui favorisent des pratiques culturales plus complexes (assolement triennal, culture commerciale de la vigne) et la généralisation de l’élevage de bouche (prés communaux, service de garde collective).

    -         La création et l’organisation des marchés, qui forment des réseaux commerciaux aboutissant dans les grandes foires urbaines, ce qui permet aux paysans d’écouler leurs surplus et de se procurer des produits artisanaux plus élaborés.

    -         La mise en place d’équipements collectifs (moulins, pressoirs, ponts…) qui facilitent la vie des populations et favorisent l’essor de la production et du commerce.

    -         Les effets induits du mode de vie seigneurial : la consommation somptuaire des seigneurs ne se suffit souvent pas des prélèvements fonciers. Les premiers clients des paysans pour leurs surplus sont donc souvent leurs seigneurs. En outre, cette surconsommation exige le développement d’activités artisanales (tissage, poterie, tonnellerie, métallurgie) que les paysans peuvent également utiliser. L’afflux de métal provoqué dans les campagnes par les besoins de l’équipement militaire s’accompagne d’un essor de l’outillage en fer (refonte des armes usagées ?).

     Conclusion partielle : La seigneurie peut apparaître dans un premier temps comme une forme de domination sans partage du seigneur sur ses paysans, s’exprimant sous la forme de prélèvements lourds ruinant leurs efforts de production. Mais le système fonctionnait car les paysans y trouvaient aussi intérêt : ces prélèvements restaient assez légers pour qu’ils disposassent de surplus à revendre sur des marchés stimulés par la consommation somptuaire des seigneurs, et ceux-ci leur offraient en contrepartie des équipements collectifs et un cadre e vie propices à l’amélioration de leur cadre de vie. C’est ce cercle vertueux de croissance permise par le réinvestissement des revenus seigneuriaux qui explique le succès de la seigneurie et son lien avec la croissance économique. 

     

    II-                Croissance et compromis dans les campagnes de l’âge féodal (XIème – XIIème siècles).

    Cette image idyllique n’est pourtant pas vraie du début à la fin de la période envisagée. La mise en place de la seigneurie s’est souvent fait dans un contexte violent, les nouveaux maîtres exigeant une soumission totale de leurs sujets. La survie du système exigeait néanmoins des compromis qui garantiraient la pérennité de la croissance alors amorcée.

    1-      Accumulation primaire et stimulation de la production :

    Le premier âge féodal (XIème siècle) est marqué par une extrême violence des chevaliers à l’égard des populations civiles, qui s’explique en particulier par la multiplication des guerres privées dans le cadre de seigneuries aux limites encore mal définies. Cela explique paradoxalement le succès des seigneurs, seuls à même de protéger le peuple de la violence qu’ils généraient eux-mêmes.

    Néanmoins, la Paix de Dieu permet de contenir cette violence qui s’exerce surtout à partir des années 1020, par des voies « légales », en particulier par la multiplication des exactions. En quête permanente de nouveaux revenus pour financer leurs activités guerrières, les seigneurs font alors pesé semble-t-il (on a pas de sources comptables sur cette période, mais surtout des impressions données par des auteurs ecclésiastiques impliqués dans la Paix de Dieu) une lourde pression fiscale sur les populations (peut-être jusqu’à 50% des récoltes). Pour survivre, les paysans n’ont d’autre choix que d’accroître leur production, ce qui se ne peut alors se faire que par le défrichage de nouvelles terres en marges des terroirs (essartage). Ce mouvement de défrichement est accéléré par la fuite de certaines communautés qui s’installent à l’écart des seigneuries avant d’être rattrapées par elle. Ce premier essor est favorisé par le réchauffement du climat qui avait débuté au VIIIème siècle et s’accélère alors.

          Les principaux bénéficiaires de l’accroissement de la production sont alors les seigneurs, qui réinvestissent leurs revenus dans des biens militaires (armes, châteaux) et en thésaurisent une grande partie dans le nouveau symbole de leur pouvoir, le donjon, en prévision de difficultés à venir (paiement de rançon en particulier). Le trésor est alors un élément essentiel de leur pouvoir.

    2-      Pacification de la société et premier essor :

    L’œuvre de pacification menée par l’Église aboutit à son terme au tournant des XIème et XIIème siècles, favorisée par

    -         les Croisades, qui détourne la violence des chevaliers vers l’extérieur, mais joue aussi un rôle dans l’amélioration des techniques culturales.

     Ex. : rôle des seigneurs revenant de la croisade ou de la reconquista avec des techniques ou des productions nouvelles (moulins à vent, collier d’épaule, irrigation, abricot, procédés de sélection des espèces, d’abord utilisés pour les chevaux…).

    -         la structuration interne du système féodal qui permet l’apaisement des conflits privés => deuxième âge féodal (XIIème-XIIIème siècle), marqué par une phase de croissance marquée de l’économie rurale occidentale qui entraîne un développement généralisé + optimum climatique (le « beau XIIème siècle »).

    Les communautés villageoises sont désormais protégées de la violence des seigneurs ou par l’intervention des suzerains contre les sires trop violents (en 1108, Louis VI punit son vassal Guy de Coucy, qui multipliait pillages et exactions contre ses paysans), ou par leur propre modération. Les seigneurs comprennent en effet qu’ils ont intérêt à ménager leurs dépendants s’ils veulent préserver leurs revenus. Les revenus thésaurisés, devenus inutiles ou excédentaires, sont réinvestis dans l’équipement productif. L’apparition d’outils de gestion (terriers = liste de revenus seigneuriaux, plans de culture des réserves, chartriers et cartulaires) améliorent le rendement de l’exploitation seigneuriale. En outre, le taux de prélèvement est resté stable alors que la production a constamment augmentée depuis l’an mil => les prélèvements seigneuriaux pèsent moins sur les paysans, ce qui leur laisse d’avantage de surplus à consommer ou à écouler pour améliorer leur quotidien. Cette amélioration de la vie paysanne se traduit en particulier par la généralisation de la charrue à soc métallique, qui montre que les revenus des cultivateurs d’accroissent.

                Cet essor économique débute d’abord en Aquitaine et dans le domaine Plantagenêt, où la pacification est plus précoce (sauveterres = villages protégés par la Paix de Dieu, prospères car à l’abris de toute attaque) et les revenus thésaurisés plus importants. Il gagne ensuite le reste de l’Europe occidentale.

     

    3-      Villes neuves et contractualisation de la domination seigneuriale à la fin du XIIème siècle :

    Une marque de cet croissance est l’accroissement démographique qui entraîne, entre 1150 et 1250, la généralisation des essartages et la fondation de villes neuves (qui sont en fait des villages) et bastides (sud de la France). Le mouvement de défrichement, d’abord spontané, est encadré par les seigneurs, dont les revenus permettent de lui donner plus de poids et de moyens.

    Ex. : fondation de la villa nova de Vaucresson par Suger de Saint-Denis (1145) : création ex nihilo, dans un terrain forestier et marécageux, d’une nouvelle communauté villageoise, avec une église, un cimetière, une grande seigneuriale et toutes les commodités nécessaires. Les paysans qui acceptent de s’y installer sont exemptés d’une grande partie des taxes seigneuriales pour 10 ans, le temps de défricher et drainer les terres. Ils payent ensuite des redevances moindres.

    ð                 les seigneurs ont des moyens qui leur permettent de créer de toute pièce des nouvelles communautés et d’y attirer des hommes, parfois aux dépends des autres seigneurs, par des avantages matériels et financiers.

    ð                 Traduit un phénomène typique des périodes de croissance : malgré l’essor démographique, les hommes restent trop rares par rapport aux besoins de main d’œuvre => paysans peuvent poser leurs conditions

    ð                 Mouvement de contractualisation du système féodal : les villes neuves ont une charte de fondation qui détaille les obligations des seigneurs et des paysans. Ce système se généralise aux vieilles communautés à partir de1160 : les chartes de coutumes (coutume de Lorris, 1155).

    Par ce mouvement, les seigneurs doivent renoncer à une partie de leurs redevances. Certains affranchissent même leurs serfs. Mais ils peuvent se le permettre, car la croissance assure mécaniquement une hausse constante de leurs revenus.

     

    => Au fil du XIIème siècle, la pression seigneuriale s’allège, ce qui n’empêche pas les revenus seigneuriaux de croître en raison de l’augmentation constante de la production favorisée par l’accroissement des terres cultivées, mais aussi, désormais, par l’amélioration des techniques culturales favorisée par les seigneurs.

                  III-             Temps d’équilibre, temps de rupture (XIIIème – début XIVème siècle).

    La forte croissance du XIIème siècle permet donc un compromis entre les intérêts des seigneurs et ceux des paysans, chaque catégorie tirant profit, selon sa position et ses besoins, de l’essor économique. Le début du XIIIème siècle voit le recul et même la quasi-disparition des grandes famines et épidémies, ce qui marque une amélioration globale des conditions de vie dans les campagnes. Pourtant, ce délicat équilibre devait être remis en question par sa dynamique même.

    1-      Un monde plein :

    La croissance cumulative depuis le XIème siècle donne pleinement ses fruits au XIIIème, ce qui se traduit notamment par un pic de croissance démographique et par la reprise des frappes monétaires or (sou de saint Louis). Le mouvement des défrichements atteint néanmoins ses limites : vers 1250, 80% des terres françaises sont cultivées, soit plus qu’aujourd’hui. Or, les moyens techniques ne permettent pas encore, sauf dans de rares zones (Flandre, Italie du Nord) une intensification. L’essor des siècles précédents avait essentiellement reposé sur une extensification, qui devient impossible une fois tous les sols mis en valeur. Á partir de 1250, on assiste même à un recul de la SAU en raison de l’érosion (en particulier dans le Sud de l’Europe).

    L’essor démographique, qui avait été absorbé par les créations de nouveaux villages, ne trouve plus à s’employer. On voit réapparaître crises alimentaires et épidémies. Certains villages créés au début du XIIIème siècle sont ensuite désertés en raison de la peste (en particulier en terre germanique).

    Le trop plein d’hommes offre une main d’œuvre pléthorique qui peine à s’employer. La crise agraire devient économique : sur-inflation, dépréciation de la monnaie. La rente seigneuriale, qui est désormais presque entièrement monétarisée, s’érode. Les seigneurs doivent donc à nouveau accroître les prélèvements pour maintenir leurs revenus, tandis que les paysans, qui ne peuvent plus jouer sur la rareté de la main d’œuvre pour changer de seigneur, sont contraints d’accepter. Cette crise se traduit par des contestations qui prennent surtout une forme religieuse (hérésies : cathares, vaudois ; mouvements de pauvreté volontaire). Les seigneurs sont en effet concurrencés par de nouvelles structures et par les villes.

     

     2-      L’apparition de nouveaux modèles et la crise de la seigneurie châtelaine :

    La seigneurie châtelaine entre donc en crise dans la deuxième moitié du XIIIème siècle, ce que traduit la multiplication des contestations et procédures entre seigneur à propos des partages de droit sur les nouvelles communautés

    Ex. 1 : charte de fondation de Villers-Brûlin, première moitié XIIIème siècle, avec strict partage des revenus entre le sire de Villers, la paroisse et le suzerain, le comte de Saint-Pol).

    Ex. 2 : charte de partage des droits seigneuriaux entre le comte Thibaut de Champagne et l’archevêque de Sens (vers 1250).

    Si elle survit formellement jusqu’en 1789, elle se vide progressivement de sa substance en raison :

    -         Du renouveau du pouvoir royal qui prive les seigneurs d’une partie de leurs revenus banaux et de justice. En outre, les seigneuries royales bénéficient de la plus grande richesse de leur seigneur, les redevances y restent inférieures. Elles sont les seules à continuer à attirer les populations après 1250.

    -         De l’apparition de nouveaux modèles qui contestent la structure même du système féodal : les cisterciens ou les ordres mendiants refusent les seigneuries. Quand leurs terres deviennent trop vastes pour être cultivés par les seules moines, il engagent des cultivateurs salariés, ou les donnent en ferme (location moderne).

    -         La croissance économique a introduit des distinctions croissantes dans les communautés villageoises. On voit apparaître une classe de gros paysans qui sont toujours théoriquement dépendants des seigneurs, mais qui ont les moyens de payer d’énormes sommes aux seigneurs pour racheter toutes les redevances dues. Ces rachats sont un moyen de combler ponctuellement le trésor seigneurial, mais constituent une perte à long terme pour les sires : seuls les paysans les plus pauvres, donc ceux qui payent le moins, continuent à acquitter l’ensemble des redevances.

    Malgré les apparences, les paysans ont donc des alternatives au système seigneurial. Ils peuvent en outre choisir de quitter les campagnes pour gagner les villes, où naît un nouveau dynamisme.

     

     3-      Et le dynamisme passa en ville …

    Celui-ci est le fruit de la croissance des campagnes, dont la majeure partie des fruits ont abouti, via les réseaux commerciaux, en ville. Nourries de l’essor rural, celles-ci prennent donc le dessus au XIIIème siècle. L’agriculture, activité fondamentale au XIème siècle, passe au second plan derrière l’artisanat. La ville, qui s’était dégagée du carcan seigneurial au XIIème siècle, devient donc l’espace de la liberté, du dynamisme, de l’innovation. La ville est également un espace du salariat, institution étrangère au monde seigneurial.

    La seigneurie, intimement liée, dès lors, au monde des campagnes, entre en crise avec lui au début du XIVème siècle. Après avoir accompagné la croissance rurale et avoir été portée par elle, elle subit de plein fouet le retournement de la conjoncture.

     L’entrée en crise simultanée des campagnes et de la seigneurie après 1250 montre bien que la croissance rurale avait un lien étroit avec le système châtelain, mais aussi qu’au XIIIème siècle, c’étaient la prospérité des sires qui était devenue dépendante du dynamisme agricole.

     Conclusion :

    L’essor continu de la production agricole entre le XIème et le XIIIème siècle a généré un cercle vertueux qui provoque essor démographique, hausse de la demande et développement du commerce et de l’artisanat. Or, la seigneurie était le cadre fondamental des populations rurales et elle constitue un facteur d’explication fort de cette croissance au côté d’autres éléments de contexte tels que l’ouverture sur le monde ou l’optimal climatique du XIIème siècle. Système d’encadrement proche des populations, elle était la mieux à même de la favoriser par un partage d’intérêts bien compris entre seigneurs et paysans. En outre, la demande en produits alimentaires, de luxe ou d’armement des seigneurs constitue un facteur de décollage économique : loin de thésauriser leurs revenus, les sires les réinvestissent massivement dans l’amélioration de l’outil productif, ce qui leur permet d’améliorer encore leur rente foncière, mais également dans d’autres activités dont ils favorisent le développement, tels que les divers artisanats ou l’établissement de réseaux routiers et marchands qui améliorent leurs revenus banaux. Dans un deuxième temps, les seigneurs tirent donc profit de la croissance pour améliorer leurs propres revenus et asseoir leur domination (meilleur armement, châteaux plus puissants, …). Mais les revenus de cet essor aboutissent majoritairement chez les spécialistes du commerce et de l’artisanat qui résident et travaillent en ville. Á partir du XIVème siècle, c’est donc dans ces villes, libérées de la tutelle seigneuriale, que passe la croissance, tandis que la seigneurie, minée par l’inflation qui ronge la rente foncière, est mise à mal par le renouveau des pouvoirs englobants.



    Commentaire de loops95 (26/01/2008 17:42) :

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