| Accueil | Créer un blog | Accès membres | Tous les blogs | Meetic 3 jours gratuit | Meetic Affinity 3 jours gratuit | Rainbow's Lips | Badoo |
newsletter de vip-blog.com S'inscrireSe désinscrire
http://dreillard.vip-blog.com



VIP Board
Blog express
Messages audio
Video Blog
Flux RSS

année universitaire 2006-2007

VIP-Blog de dreillard
  • 51 articles publiés
  • 15 commentaires postés
  • 1 visiteur aujourd'hui
  • Créé le : 04/10/2006 02:29
    Modifié : 24/06/2007 14:30

    (0 ans)
    Origine : Valenciennes
    Contact
    Favori
    Faire connaître ce blog
    Newsletter de ce blog

     Août  2025 
    Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
    282930010203
    04050607080910
    11121314151617
    18192021222324
    252627282930
    [ Informations ] [ second semestre ] [ premier semestre ]

    Paris sous Philippe Auguste

    01/04/2007 14:57

    Paris sous Philippe Auguste


    Introduction :

     

    Présentation, nature des documents et analyse :

     

    Quatre sources très différentes qui livrent un panorama de la ville de Paris entre 1170 et 1223.

    La première est une source poétique, caractérisée par une emphase propre au genre (l’éloge, texte destiné à vanter les mérites d’une personne => personnification de Paris) qui multiplie métaphores et hyperboles. Elle nous livre un portrait de la ville en détaillant sa situation, un donnant une esquisse de son plan et en insistant sur le fait que Paris est une ville royale qui connaît à la fois une grande prospérité marchande et une grande renommée intellectuelle.

    La seconde est un diplôme royal du roi Louis VII qui accorde le privilège du commerce aux marchands de l’eau de Paris. Á un protocole initial très simple, sans préambule, et dont l’exposé se borne à rappeler que ce privilège avait déjà été accordé par Louis VI, succède un dispositif plus long qui réserve le commerce sur la Seine entre Mantes et Paris aux seuls marchands parisiens et menace de confiscations tous ceux qui enfreindraient ce monopole. L’eschatocole, lui aussi très simple, ce limite à une formule de conservation très normée, au datum, et à la liste classique des seings des quatre officiers palatins et du chancelier. Ce texte, de peu antérieur au règne de son fils Philippe Auguste, resta en application sous celui-ci.

    La troisième est un cours extrait des Gesta Philippi Augusti du moine Rigord de Saint-Denis, dans lesquelles il nous livre une histoire du règne de Philippe II de 1186 à 1196. Ici, il s’intéresse à la décision qui fut prise par ce roi de paver les rues de la ville.

    Enfin, le quatrième document est un plan composé par un historien contemporain à partir des sources historiques et archéologiques, et qui nous donne une idée de l’apparence générale et de l’organisation de Paris à la fin du règne de Philippe Auguste.

    Auteurs :

     

    Seuls deux des quatre documents ont un auteur identifié : le premier a été écrit par Guy (ou Guillaume) de Bazoches, poète dont le surnom indique qu’il était étudiant à Paris et vécu dans le milieu de l’université (la basoche = le monde étudiant parisien et, par extension, la vie étudiante + ou – synonyme de bohême au Moyen Âge). On sait peu de choses sur lui.

    Rigord de Saint-Denis est mieux connu. Moine du grand monastère royal installé au nord de Paris, il s’inscrit dans la tradition historiographique de ce dernier, qui remonte à l’époque mérovingienne et fut revivifier par l’abbé Suger sous les règnes de Louis VI et Louis VII. Á partir du XIIème siècle, Saint-Denis devient le centre de l’historiographie officielle des Capétiens, et Rigord écrit une histoire de Philippe Auguste (dont il est l’inventeur du surnom) qui constitue un véritable panégyrique rédigé du vivant de ce roi.

    Dates :

     

    L’éloge de Paris de Guy de Bazoche est datable de 1175, puisqu’il fait référence au récent avènement de Philippe Auguste dans son poème.

    Le diplôme de Louis VII pour les marchands de l’eau est daté de 1170, c'est-à-dire de l’année qui, dans notre calendrier, va de la Pâques 1170 à la Pâques 1171. Aucune autre précision n’étant donnée dans le datum de l’acte, il n’est pas possible de la dater plus précisément.

    Les Gesta de Rigord ont été rédigées avant 1196, date à laquelle elles sont interrompues par la mort de leur auteur. Elles sont donc très proches des faits rapportés.

    Enfin, la carte de J. Boussard remonte à 1976. C’est actuellement la représentation classique du Paris de Philippe Auguste.

    Critique :

     

    Les derniers apports de l’archéologie ont pourtant permis de la compléter (en particulier pour le quartier du Louvre) ou de la remettre ponctuellement en cause.

    Le deuxième document ne pose aucun problème de critique puisqu’il est ce pour quoi il se donne.

    Les deux textes qui présentent le plus de difficultés sont l’éloge de Paris et l’extrait des Gesta de Rigord. Tous deux ont en commun leur caractère mélioratif qui les conduit à multiplier les exagérations et les déformations afin de vanter leur sujet. Néanmoins, une fois débarrassés de leurs oripeaux emphatiques, ils fournissent des informations très fiables car très contemporaines des faits.

    Contexte :

     

    Ces quatre documents mettent en valeur l’évolution de la ville de Paris dans une période où cette cité bénéficie de trois facteurs de développement :

    -         un contexte général de croissance des villes et des activités marchandes et artisanales qui s’y concentrent, marqué par l’essor des bourgeoisies urbaines qui jouent un rôle croissant dans leur administration ;

    -         un contexte d’essor du pouvoir royal dont Paris est la principale base et qui en fait la principale ville du domaine royal et, très vite, du royaume ;

    -         un contexte de développement des études juridiques et théologiques au sein de ce qui va se formaliser, sous Philippe Auguste, comme l’Université de Paris, et qui fait de la cité, avec Bologne et Oxford, l’un des principaux centres culturels d’Occident.

    Bilan :

     

    Ces quatre sources jettent un éclairage croisé et complémentaire sur la situation de Paris au tournant des XIIème et XIIIème siècles. Le caractère emphatique de deux d’entre elles met particulièrement en valeur les qualités et les avantages sur lesquels elle a pu fonder sa prospérité. Mais l’étude attentive des deux autres permet de trouver des explications qui viennent en renfort de cette présentation, confirmant que Paris était bien, sous Philippe Auguste, dans une phase exceptionnelle de croissance et de développement.

    Problématique :

     

    Pourquoi Paris devient-elle, sous Philippe Auguste, sinon la capitale, du moins la principale résidence du roi, et la plus grande ville du royaume de France si ce n’est d’Occident ?

     

     

    I-                   Une ville riche et prospère :

     

     

    A- Un site privilégié connecté aux nouvelles voies du commerce :

     

    - site en amphithéâtre naturel bien protégé.

     

    - Seine permet accès facile à la Manche, au Nord de l’Europe par l’Oise, à l’Est et à la Bourgogne par la Marne et l’Yonne (Foires de Champagne).

     

    - agriculture riche fondée sur les céréales (France, Brie, Beauce) et la viticulture.

     

    - mais limites : Paris est cernée de marécages sur la rive droite, très proche de Rouen, capitale des possessions normandes des Plantagenêt,  menacée par les crues.

     

     

    B- Un grand centre commerçant :

     

    Éloge de Paris insiste sur la quantité de marchandises qui affluent dans la capitale grâce aux marchands de la Seine, dont les privilèges (doc. 2) illustrent l’importance. Leur monopole jusqu’à Mantes leur assure également la circulation sur l’Oise.

     

    Le grand pont est bordé d’échoppes et de commerces (référence à la profusion de marchandise dans l’Éloge).

     

    Le plan met en valeur deux grands centres marchands sur la rive droite : les champeaux, couverts en halle sous Philippe Auguste, grand marché qui draine les productions de tout le Bassin Parisien, et la place de Grève, lieu de rassemblement des ouvriers de l’artisanat qui cherchent un patron.

     

     

    C- Un grand centre intellectuel :

     

    Multiplication des écoles et des grands maîtres (Abélard, Guillaume de Saint-Victor) au XIIème siècle, et indépendance croissante à l’égard de l’école cathédrale (évoquée dans l’éloge comme lieu d’enseignement et de culture sur l’île de la Cité).

    Le petit pont, lieu de rendez-vous des « philosophes » selon Guillaume de Bazoche était bordé par les échoppes des libraires, copistes, marchands de parchemins et de plumes…

     

    Bien situé aussi bien au cœur du domaine royal que sur les voies de communication européennes, Paris bénéficie de cette position pour développer son influence marchande et culturelle. Cette double spécificité contribue à modeler l’organisation de la ville.

     

    II-                Trois villes en une :

     

    A-     La rive droite : la ville des marchands.

     

    Plan : Importance des grands axes de communication (rues Saint-Denis, Saint-Martin, Saint-Honoré et Saint-Antoine) qui sont pavés sous Philippe Auguste (texte 3) et du port (la grève => place de grève).

     

    Présence du Temple (couvent des templiers) hors les murs, au Nord, qui est un grand centre bancaire.

     

    Au Nord des murailles également, au-delà de la porte Saint-Denis, le Lendit (plaine au pied de la colline de Montmartre) accueille chaque année une grande foire internationale connectée aux foires de Champagne.

     

    C’est cette rive, marquée par une forte densité urbaine, de population et d’activité, qui croît le plus aux XIIème et XIIIème siècles et qui montre le plus le phénomène d’expansion urbaine et économique du Moyen Âge central. (Paris est la plus grande ville d’Occident en 1200, avec 50 000 hab.)

     

     

    B-     La rive gauche : l’Université en gestation.

     

    V. leçon sur l’Université.

     

    Abondance des églises monastiques, avec les trois grands centres de Sainte-Geneviève, Saint-Germain des Près et Saint-Victor, dont les écoles expliquent en partie l’essor intellectuel de cette rive. Cette occupation monastique, avec ses dépendances (jardins, vergers, vignes) explique que cette rive soit beaucoup moins densément peuplée et urbanisée que l’autre.

     

     

    C-    L’Île de la Cité : le centre du pouvoir.

     

    Deux pôles : Palais royal – groupe palais épiscopal et cathédrale Notre Dame (dont la reconstruction en style gothique débute sous Philippe Auguste, qui la finance en partie). L’évêque de Paris, Pierre de Sully, est un fidèle de Philippe Auguste.

     

    C’est au palais que le roi réside le plus souvent, qu’il fait déposer ses archives et sa couronne, qu’il tient ses assises judiciaires. De plus en plus de diplômes royaux sont donnés au palais en son nom sans qu’il y soit présent.

     

     

    III-             Une ville qui concentre les pouvoirs :

     

    A-     les instances locales : prévôté, prud’hommes, corporations :

     

    Châtelet = résidence du prévôt, agent seigneurial qui administre Paris au nom du roi.

     

    Assisté par des « prud’hommes », conseillers choisis parmi les marchands de l’eau qui s’organisent en corporation (association professionnelle monopolistique).

     

    L’administration de Paris s’appuie de plus en plus sur ces corporations, dont l’essor économique et commercial favorise la formation.

     

    Malgré tout, Paris reste une exception : alors que le roi accorde le droit de commune (droit de s’administrer soi-même, d’être son propre seigneur) à toutes les villes, qui sont gérées par des conseils municipaux (échevins, consuls, capitouls), Paris reste seigneurie du roi qui en conserve le contrôle.

     

     

     

    B-     Une ville « ceinte du diadème de la dignité royale » :

     

    Cela s’explique par le rôle que joue cette ville dans le gouvernement royal.

     

    Principale résidence + quand il n’est pas à Paris, Philippe Auguste réside à Vincennes, Saint-Germain en Laye … donc près de Paris.

     

    Lieu de dépôt des archives, de la couronne et du sceau, du trésor (au Louvres).

     

    Lieu d’organisation des premières institutions permanentes (cour de justice royale, cour des comptes).

     

    ð     commence à jouer le rôle de capitale au moins du domaine, sinon du royaume.

     

    ð     Ce rôle est renforcé par la conquête de la Normandie (1201-1204) qui la met à l’abri de la menace Plantagenêt.

     

     

    C-    Les manifestations urbaines de la puissance royale :

     

    Ce rôle nouveau transparaît dans l’action urbanistique du roi :

     

    -         pavage des rues (texte 3) qui favorise grandes manifestations publiques (entrée du roi) + rappel de l’urbanisme antique par pavage de quatre rues qui forment le kardo et le decumanus.

     

    -         Murailles, facteur d’unification de la cité.

     

    -         Louvre, symbole du pouvoir du roi sur la rive droite et donjon du roi, où affluent les prélèvements opérés dans tout le domaine royal.

     

    -         Construction d’un troisième pont (Pont Notre-Dame)

     

    -         Participation à la reconstruction de Notre-Dame.

     

     

    Conclusion :

     

    Paris, « ville du roi et reine des villes » ?

    -         Paris prend de plus en plus les traits, au fil des XIIème et XIIIème siècle, d’une capitale où, à défaut du roi, l’autorité royale est sans cesse présente à travers ses attributs. L’action de Philippe Auguste qui y a fixé définitivement le trésor, les archives, la cour de justice royale et les insignes royaux a été déterminante dans ce domaine.

    -         Néanmoins, les documents illustrent bien que la seule action du roi n’explique pas l’essor de Paris autour de 1200. La ville profite aussi d’un essor commercial et intellectuel général dont sa position lui permet particulièrement de tirer parti. Les rois ont accompagné cette évolution, en particulier en la favorisant par leurs diplômes et leur législation, mais ils ne peuvent en être tenus pour responsables.

    L’essor de Paris est donc lié à la conjonction d’élément divers dont la ville a été comme le catalyseur, ce qui a contribué à en faire, au siècle suivant, la plus grande ville de la chrétienté. En outre, par son action, Philippe Auguste a été le premier des souverains français à entreprendre de laisser dans la pierre des monuments parisiens une trace de son règne, habitude qui s’est conservée jusqu’à nos monarques républicains contemporains.






    [ Annuaire | VIP-Site | Charte | Admin | Contact dreillard ]

    © VIP Blog - Signaler un abus