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année universitaire 2006-2007

VIP-Blog de dreillard
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  • Créé le : 04/10/2006 02:29
    Modifié : 24/06/2007 14:30

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    La ruine des campagnes : la Normandie en 1422

    06/05/2007 23:54

    La ruine des campagnes : la Normandie en 1422


    Intro :

     

    Source et nature :

     

    Extrait de l’Histoire de Charles VII qui est une biographie royale.

    Auteurs :

     

    Elle a été composée par Thomas Basin (1402/12-1490), un clerc et universitaire d’origine normande, spécialiste du droit qui fut impliqué dans les réformes conciliaires qui suivirent le Grand Schisme. D’abord conseiller d’Henri VI, qui lui donna l’évêché de Lisieux en 1447, il choisit finalement de rallier Charles VII en 1449. Proche de ce roi, il fut l’un des artisans de la réhabilitation de Jeanne d’Arc, mais se brouilla avec Louis XI, se qui le contraignit à l’exil en 1462, il se démit de son diocèse en 1474 et devint archevêque in partibus, ce qui lui permit de consacrer la fin de sa vie à l’enseignement en Italie et en terre d’Empire. C’est durant cette période que, pour se justifier, il écrivit son Histoire de Charles VII qu’il compléta par une Histoire de Louis XI et son Apologie qui est l’une des premières autobiographies de l’histoire.

    Datation :

     

    Les événements du texte sont facilement datables de 1422 (année de l’avènement de Charles VII, citée en tête du texte) et des années suivantes, jusqu’en 1435 (année de la répression de la révolte des « Brigands » par les Anglais, dont il est fait mention à la fin de l’extrait).

    Le texte a été écrit entre 1462 et 1490, sans doute plutôt dans les années 1460, quand Basin cherche à se justifier des accusations de trahison de Louis XI, donc une quarantaine d’années après les faits. Il rapporte des faits dont, enfant ou jeune homme, il a pu être témoins, puisqu’il évoque la Normandie qui est sa région d’origine.

    Analyse :

     

    Thomas Basin décrit l’état de désolation dans lequel la guerre, la peste et la conquête anglaise ont mis les campagnes du nord de la France. Se focalisant sur l’exemple de la Normandie, il montre les ravages de l’occupation anglaise et la résistance qu’elle suscite dans la population.

    Critique :

     

    Le texte est néanmoins à critiquer avec soin, car son ton est emphatique et il comporte bien des exagérations. Loin de se faire l’historien fidèle de son époque, Basin cherche à se justifier en accablant les Anglais (avec qui il collaborait pourtant à l’époque qu’évoque le texte) afin de défendre son ralliement (tardif) à Charles VII, qu’il cite comme seul roi en 1422, alors qu’à la même époque, lui-même reconnaissait Henri VI comme souverain. De plus, ce tableau catastrophique des campagnes françaises à l’avènement de Charles est à lire en regard de leur prospérité retrouvée à l’époque où est écrit le texte, manière de souligner la grandeur de son règne, donné en contre-exemple à son fils Louis XI, avec lequel Basin est en délicatesse.

    Contexte :

     

    Deux grands éléments à retenir :

    -         la prégnance de la guerre : dans un pays tout juste remis des grandes expéditions des années 1350-1370, et où des conflits et des violences endémiques se sont maintenus malgré la longue trêve du règne de Charles VI, en particulier du fait de la présence persistantes des troupes de mercenaires et de soldats licenciés, la reprise de la guerre en 1415-1418 et la rivalité ouverte entre Bourguignons et Armagnacs à partir de 1412 ruinent les fragiles efforts de restauration administrative et économique.

    -         Une France coupée en 3 : le traité de Troyes (1418) a livré la couronne de France à Henri VI d’Angleterre, mais il n’est pas accepté par le dauphin Charles, qui se revendique roi de France à la mort de son père. La France est dès lors coupée en deux avec, au Nord de la Loire et en Gascogne, une France anglaise qui reconnaît Henri VI comme roi, et au Sud de la Loire, une France « française » qui reconnaît Charles VII. Alliés des Anglais contre Charles, qui est soutenu par les Armagnacs, les Bourguignons reconnaissent officiellement Henri comme roi, mais le duc Philippe le Bon mène surtout sa propre politique d’expansion vers la Flandre et l’Est et cherche à rester à l’écart des querelles françaises.

    S’il témoigne d’une réelle dégradation de l’occupation des sols et du quadrillage administratif en France du Nord dans les années 1420, Thomas Basin doit donc être utilisé avec prudence, car son parti pris et ses efforts d’auto-justification l’amène à grossir le trait, même s’il cherche malgré tout à témoigner de la complexité du phénomène en lui apportant plusieurs explications.

    Problématique :

     

    Pourquoi les campagnes françaises sont-elles ruinées en 1422 ? Faut-il en accuser seulement la guerre ou cela témoigne-t-il d’un effondrement des efforts menés depuis Philippe le Bel pour construire un Etat central fort ?

     

    I-                   Une situation catastrophique :

     

    Surtout § 3-6

     

    A-     L’abandon des terres et le recul de l’occupation humaine :

     

    Insistance du texte sur cette véritable « désertification » de la Haute Normandie, de l’Île de France et de la Picardie sur laquelle il revient à plusieurs reprises avec l’image forte du retour à la friche et à la forêt (qui indique donc un abandon de longue durée) => véritable déprise humaine de terres défrichées au Moyen Âge central et qui reviennent à la nature.

    La population et les terres cultivées se concentrent autour des sites fortifiés.

     

    B-     Misère et insécurité :

     

    Les populations sont toujours prêtes à se réfugier dans les forteresses pour échapper à toute sorte d’attaques (v. anecdotes des animaux rentrant seuls à l’étable, qui traduit ce caractère habituel des raids ennemis). => une guerre d’usure dont les populations civiles sont les premières victimes.

    Symptôme d’insécurité chronique liée aux pillards et « gens d’armes des deux partis qui faisaient de constantes expéditions » = « écorcheurs » (soldats et mercenaires démobilisés qui continuent à vivre sur le terrain dans l’attente d’une reprise des hostilités) et « chevauchées » (expéditions destinées à affaiblir l’ennemi, non en s’emparant de places fortes, mais en dévastant les campagnes pour détruire le ravitaillement).

    « bien que souvent accablée de grandes misères » : De telles pratiques entraînent l’apparition d’une misère persistante, qui se traduit en particulier par la famine du fait de la destruction des récoltes, et une surmortalité liée à la malnutrition et à la violence endémique.

     

    C-    Une administration et des défenses défaillantes :

     

    « « soit de la nonchalance et de la paresse de ceux qui administraient ou commandaient sous ses ordres » : Cette violence est renforcée par la disparition de l’administration qui laisse les populations démunies face à ces dangers.

    ð     Basin fait mine de croire que c’est toujours l’administration royale française qui est présente au nord de la Loire, mais après la saignée d’Azincourt et le traité de Troyes, celle-ci est décimée et désorganisée. Administrateurs = Anglais ou français ralliés en Normandie et à l’ouest de l’Île de France, français ralliés aux bourguignons en Picardie. Mais la double monarchie a des effets dévastateurs sur la continuité administrative : beaucoup de seigneurs de châteaux se vendent au plus offrant et utilise la situation pour accroître leur propre pouvoir, sans souci de l’ordre public ou des populations qu’ils administrent.

    ð     La guerre devient aussi, pour les commandants et les soldats, un moyen d’enrichissement (li. 55-56). Ceux qui sont censés protégés les populations les oppriment.

    Le texte témoigne donc d’une grave crise traversée par la France du nord dans les années 1420, crise économique, morale, politique qui conduit à l’effondrement des cadres de vie et à l’abandon massif des terres cultivées. Quelles sont les causes de cette crise ?

     

    II-                Les causes de la crise :

     

    Surtout § 1 et 6

    Basin accorde deux origines à la misère qui accable les terres aux nord de la Loire : « les guerres continuelles, intérieures ou extérieures » et la « nonchalance et la paresse » des administrateurs. Néanmoins, l’ampleur de la crise qu’il décrit demande à recourir aussi à d’autres explications à plus long terme auxquelles il fait référence en filigrane.

     

    A-     La surmortalité : misère, épidémies et guerres :

     

    « les paysans ayant été tués ou mis en fuite » : principal problème = le manque d’homme qui est la première explication de l’abandon des terres : si elles ne sont plus cultivées, c’est qu’il n’y a plus personne pour les cultiver.

    « tués » = trois causes principales : la guerre (celle sur laquelle met l’accent Basin), mais ce « vide » humain du début du XVème siècle est aussi la conséquence de phénomène plus anciens et de tendances plus lourdes = les grandes épidémies, et surtout la saignée de la Peste Noire des années 1370-1380, dont les campagnes sont encore loin de s’être remises en 1422, et la crise économique durable des années 1350-1450, qui provoque la mort par la famine et la « fuite » par le départ de plus en plus de ruraux vers les villes où ils est plus facile de survivre des distributions gratuites, des aumônes…

    Guerre et misère provoquent aussi la fuite d’une partie des populations du nord de la Loire vers le sud du pays, plus épargné par les malheurs du temps (phénomène dont témoigne l’anthroponymie qui se achève de se fixer à la même époque : fréquence des noms « Parisien », « Paris », « Parisse », « Lenormand », « Lepicard » … en Poitou, Berry, Bourgogne).

     

    B-     Guerre civile et guerre extérieure : la défaillance de la noblesse :

     

    Lien étroit établi par Basin entre guerre civile et étrangère et entre ces guerres et la défaillance des administrateurs = nobles.

    ð     rappel implicite de la « trahison » des Bourguignons, alliés aux Anglais jusqu’en 1435, qui utilisent la guerre étrangère pour régler leurs querelles avec les Armagnacs.

    ð     Déplore perte du sens de l’intérêt commun par la noblesse qui utilise la guerre pour défendre ses prérogatives vis-à-vis du roi affaibli par la défaite (discours typique des clercs juristes fascinés par la redécouvertes du droit romain fondé sur l’idée d’Etat et de bien public et qui rendent la noblesse coupable de la situation) => <>° de l’idée d’Etat et du système féodal, accusé de ruiner l’Etat par le primat des intérêts privés.

    Cette situation est encore aggravée par la défaite extérieure et l’occupation étrangère.

     

    C-    L’occupation « étrangère » :

     

    NB : si la Normandie est bien occupée par les Anglais, de même que l’Ouest de la l’Île de France, les autres terres citées sont en réalité sous contrôle bourguignon. Mais de façon significative, Basin se concentre sur la Normandie, qui est certes ce qu’il connaît le mieux, mais ce qui lui permet aussi de mettre l’accent sur les conséquence de l’occupation anglaise ‘(« la conquête doit payer la conquête »)

     

    III-             Les réactions : la révolte des « brigands », symptôme de misère ou phénomène de résistance ?

     

    § 7-11

     

    A-     Une réaction spontanée à la misère :

     

    Á l’origine, un mouvement de fuite et d’abandon des terres qui a trois motifs :

    - la démotivation de populations qui ne voient plus l’intérêt de cultiver les terres pour que les révoltes soient pillées ou détruites régulièrement par les hommes d’armes.

    - la fuite face à la pression fiscale (anachorèse = abandon des terres, qui servent d’assiette au prélèvement de la majorité des impôts, en particulier dans le système anglais de la poll tax).

    - l’abandon de villages qui sont théoriquement protégés par les châteaux et forteresses, mais où cette protection est devenue inefficace en raison de l’indifférence des nobles qui en ont la garde ou de leur transformation en pillards.

     

    B-     Un symptôme d’un Etat défaillant :

     

    Zone où la construction de l’Etat central français a été ruinée par la guerre et les difficultés des temps et où l’administration anglaise, qui se met en place, est encore presque inexistante et ne s’exprime que sous la forme honnie de l’impôt.

    Deux conséquences :

    -         Pillages des campagnes par les armées qui vivent sur le terrain faute de solde régulière et multiplient les exactions pour affaiblir l’ennemi (li. 51 et ss.)

    -         disparition de tout monopole public de la violence : multiplication des pillards qui utilisent la violence pour survivre et/ou s’enrichir : soldats, mercenaires licenciés, et paysans en fuite qui, ne cultivant plus les terres doivent trouver d’autres moyens de vivre => basculent dans l’illégalité = les « brigands » (de « brigantine », veste de cuir renforcée de métal que portait les troupes d’infanterie).

     

     

    C-    Un mouvement de résistance populaire ?

     

    C’est ce que pourrait laisser penser la répression anglaise et la dernière phrase du texte. + fait qu’ils s’attaquent de préférence aux Anglais.

    Sur la base de ce témoignage, // a été fait entre ses bandes de brigands réfugiés dans les forêts et les maquisards de la Seconde Guerre Mondiale (v. la série Thierry la Fronde).

    Néanmoins, le mouvement n’a pas eu un caractère aussi massif que le prétend le texte (et le chiffre de 10000 exécutions est sans doute exagéré) et ses motivations nationales ne sont pas aussi nettes, la misère et la nécessité de la survie étant ses principales motivations (li. 65 t ss.). De plus, on peut observer qu’il n’y eut jamais coalescence entre ses mouvements populaires et la résistance véritable mener par certains nobles du nord de la Loire restés fidèles à Charles VII et qui méprisèrent toujours les brigands.

     

    Conclusion :

     

    Une crise économique, politique, morale qui est sans doute la plus grave qu’ait traversée la France dans son histoire, car la seule qui a mis en danger son existence en tant qu’entité politique indépendante et unifiée. Néanmoins, les années 1420 accumulent aussi les facteurs de récessions : reprise de la guerre, conflits civils, maximum du cycle B de Kondratieff, déprises démographiques et abandons de terre après la Peste Noire. Par le portrait qu’il dresse de la France du Nord en général, et de la Normandie en particulier, Thomas Basin fait véritablement de la première année du règne de Charles VII une « année zéro », point d’étiage à partir duquel la situation ne pouvait que s’améliorer, et durant laquelle la crise porte déjà en germe, à travers la révolte des brigands, l’espoir d’un sursaut national que ne va plus tarder à porter Jeanne d’Arc. Ce schématisme, même s’il doit être nuancé, se révèle instructif sur un point : sans ces difficultés économiques aggravées par la rudesse de l’occupation, les populations du nord de la France n’aurait sans doute pas aussi facilement accepté le retour de Charles VII.

     






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