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année universitaire 2006-2007

VIP-Blog de dreillard
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  • Créé le : 04/10/2006 02:29
    Modifié : 24/06/2007 14:30

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    Les Etats bourguignons

    06/05/2007 23:57

    Les Etats bourguignons


    Référence : B. Schnerb, L’État bourguignon (1363-1477), Paris, Perrin, 1999.

    La Bourgogne, constituée des comtés de Mâcon, Chalon, Sens, Auxerre, Tonnerre, Nevers et Autun est l’une des entités constitutives majeures du royaume de France à partir de l’éclatement de l’empire carolingien. Ces ducs, à l’image de Richard le Justicier et d’Hugues le Noir au Xème siècle, ont joué un rôle majeur dans la politique d’équilibre entre les princes féodaux, et ce d’autant plus qu’à partir de la deuxième moitié du Xème siècle, les dynasties qui s’y succèdent sont issues des branches cadettes de la dynastie capétienne. Alliés traditionnels de leur cousin le roi contre les autres grands féaux, les ducs de Bourgogne constituent donc un pôle majeur du contrôle du royaume dans la période d’expansion du pouvoir royale qui débute avec Philippe Auguste. C’est donc très logiquement qu’à la mort du dernier duc capétien, Philippe de Rouvre, en 1361, Jean II le Bon remet le duché en apanage à son fils Philippe. Pourtant, les difficultés de la Guerre de Cent Ans vont progressivement éloigné la nouvelle dynastie bourguignonne de ses aînés Valois, jusqu’à opposer les deux lignées de la famille quand, profitant de la prospérité de leurs Etats, les ducs vont chercher à recréer un Etat indépendant dans l’ancien espace lotharingien. Cette transformation du duché féodal et de ses dépendances en un Etat moderne et unifié ne put néanmoins pas aboutir, en raison de l’opposition des rois de France, libérés à partir de 1453 par la fin des hostilités avec les Anglais, mais aussi des faiblesses intrinsèques de cet ensemble.

    Problématique : un Etat ou des Etats ? Pourquoi les Valois de Bourgogne échouent-ils à transformer le conglomérat de leurs principautés en un Etat viable installé sur la dorsale lotharingienne de l’Europe ?

     

    I- Histoire et constitution des Etats bourguignons :

     

     

    A- Les origines :

     

    Après l'extinction de la lignée ducale en 1361, le roi Jean II le Bon remet le duché en apanage à son fils Philippe II le Hardi (1342-1404).

    Par son mariage avec la fille du comte de Flandre, le nouveau duc de Bourgogne acquiert la Flandre, l'Artois et la Franche-Comté. Devenu le premier prince territorial du royaume, il possède également, avec la Franche-Comté, des territoires qui relèvent de l'Empire. Au Moyen Âge, il convient en effet de distinguer le comté de Bourgogne du duché de Bourgogne. Le premier (maintenant la Franche-Comté) était terre d'empire, le second appartenait au royaume de France.

    Aussi, les ducs de Bourgogne étaient vassaux du Roi de France pour le duché de Bourgogne, l'Artois et la Flandre, et vassaux de l'Empereur pour le comté de Bourgogne, la Gueldre, le Hainaut, le Brabant et d'autres terres.

    La dynastie profite de cette situation exceptionnelle et des difficultés de la royauté, en plein conflit avec l'Angleterre, pour jouer un rôle croissant en France.

     

    B- Vers l’indépendance :

     

    Alors que Jean sans Peur (1404-1419) anime la faction des Bourguignons, alliée aux anglais pendant la minorité et la folie de Charles VI, Philippe III le Bon (1419-1467) obtient de Charles VII d'être exempté de l'hommage en contrepartie de sa neutralité (1435). Doté d'une indépendance de fait, Philippe le Bon s'emploie surtout à agrandir ses états : il acquiert la Picardie et la plupart des territoires qui composent aujourd'hui la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas (1421-1433). La Bourgogne connaît alors son apogée : tandis que les villes se développent, la noblesse, flattée par l'institution de l'ordre de chevalerie de la Toison d'Or (1429), mène une vie fastueuse, à l'exemple de son prince, qui se fait appeler « Grand duc d'Occident » et est le principal mécène de son temps. La Bourgogne est alors un véritable État, même si les deux blocs territoriaux qui la composent sont encore séparés par la Champagne et par la Lorraine.

     

    C- Apogée et fin des Etats bourguignons :

     

    Le principal objectif de Charles le Téméraire (1467-1477) est de s'emparer de ces territoires pour reconstituer la Lotharingie et l'étendre jusqu'à la Méditerranée. Mais cette ambition se heurte à l'opposition des cantons suisses, du duc de Lorraine René II, et surtout du roi de France Louis XI. Tenu en échec à Neuss, sur le Rhin (1474-1475), vaincu par les suisses à Grandson et à Morat en 1476, Charles le Téméraire meurt lors du siège de Nancy en 1477. Louis XI s'empare alors du duché de Bourgogne, tandis que l'héritière de Charles le Téméraire, Marie de Bourgogne, apporte en dot à Maximilien de Habsbourg la Franche-Comté et les différentes provinces des Pays-Bas, où la monarchie française et la maison d'Autriche s'affronteront pendant plus de deux siècles.

     

    II- Un ensemble puissant :

     

     

    A- Structure et possession :

     

    Les Etats bourguignons désignent l'ensemble des territoires sous la tutelle des ducs de Bourgogne à la fin du Moyen Âge : (v. carte)

    À son apogée sous Charles le Téméraire, cet ensemble comprend :

    • Le duché de Bourgogne
    • Le comté de Bourgogne
    • Le duché de Brabant
    • Le duché de Gueldre
    • Le duché de Limbourg
    • Le duché de Luxembourg
    • Le comté d'Artois
    • Le comté de Boulogne
    • Le comté de Charolais
    • Le comté de Flandre
    • Le comté de Hainaut
    • Le comté de Hollande
    • Le comté de Mâcon
    • Le comté de Namur
    • Le comté de Saint-Pol
    • Le comté de Vermandois
    • Le comté de Zélande
    • Le comté de Zütphen

    auquel il faut ajouter des États sous influence :

    • évêché de Liège
    • principauté de Clèves
    • comté de Rethel
    • comté de Nevers
    • Trois-Évêchés (Metz, Toul et Verdun)
    • duché de Bar
    • duché de Lorraine
    • comté de Montbéliard
    • évêché de Bâle
    • landgraviat de Haute-Alsace
    • Sundgau
    • Brisgau
    • duché de Bouillon
    • évêché d'Utrecht
    • Picardie

     

    B- Un Etat féodal en voie de modernisation :

     

     

    Différentes formes de la domination :

    • seigneuries et apanages directs de la maison Valois de Bourgogne
    • vassaux du duc de Bourgogne
    • contrôle des élections épiscopales.

    Administration est bâtie sur le même modèle que celle du royaume de France, fondée sur des baillages et châtellenies confiés à des officiers ducaux, dont les missions sont surtout judiciaires et fiscales.

    Au niveau central, les ducs de Bourgogne se dotent progressivement de tous les organes de la souveraineté, imités de ceux des rois de France et d’Angleterre, qui sont installés à Dijon, avec parfois des doublons en Flandre (Lille et Gand) : chambre des comptes, parlement, chancellerie, archives et registres (chancelier Rollin), Etat généraux et provinciaux qui ont un droit de regard sur la politique fiscale du duc, imitation des pratiques royales : cour la plus fastueuse d’Europe, mais aussi désignation d’un apanage fixe de l’héritier (comte de Charolais = dauphin), université, ordre de chevalerie (Toison d’or). + que dans le royaume, les offices y sont confiés à de grands bourgeois fortunés et/ou lettrés, issus en particulier des communes de Flandre, et qui possèdent une culture administrative plus aboutie que la noblesse.

    Protégé des hostilités qui l’ont peu ou pas touché, le territoire bourguignon apparaît prospère et n’a pas subi la désorganisation administrative provoquée par le conflit dans le reste de la France, et en particulier en Île de France.

     

    C- Le plus puissant Etat d’Europe :

     

    Á partir de la soustraction d’hommage de 1435, les Etats bourguignons apparaissent comme un véritable Etat indépendant qui ne relève plus ni du roi de France, ni de l’empereur (qui n’a plus les moyens de faire prêter l’hommage aux grands princes depuis le XIVème siècle). Face à un empereur affaibli et à des rois de France et d’Angleterre qui règnent sur des royaumes épuisés par la guerre de Cent Ans, le « Grand duc d’Occident » apparaît comme le plus puissant souverain d’Europe, puissance qu’il exprime dans ses fêtes fastueuses :

    Ex : « banquet du Faisan » de Lille : Le Vœu du faisan est un vœu formulé par Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et sa cour lors d'un banquet tenu à Lille le 17 février 1454 d'aller délivrer Constantinople prise par les Turcs l'année précédente. Cet engagement chrétien pour la croisade, qui ne fut jamais tenu, répondait au rituel païen qui faisait jurer les participants à une entreprise sur un animal qu'ils se partageaient ensuite également. Cette fête précédait de peu la diète impériale de Ratisbonne concernant la Turquie qui n'aboutît pas. La croisade n'eût donc pas lieu. Philippe le Bon semble pourtant sincère dans son vœu de croisade. La diplomatie fut très active en la matière.

    Matthieu de Coussy, chroniqueur de l'époque, fit un récit détaillé du vœu du faisan :

    Après l'apparition d'un géant escortant une dame représentant la sainte Église, apparaît dans la salle du banquet : « Toison-d'Or, roy d'armes, lequel portoit en ses mains un phaisant (faisan) en vie, orné d'un riche collier d'or, garny de pierres fines et de perles ; et après iceluy Toison-d'Or, vinrent deux damoiselles adextrées de deux chevaliers de la Toison-d'Or. Ils s'avancèrent jusques devant le duc, où après avoir fait la révérence, ledit Toison-d'Or parla à icelui duc en ceste manière :

    « Très haut et très puissant prince, et mon très redoutable seigneur, voyez ici les dames qui très humblement se recommandent à vous ; et pour ce que c'est la coutume qui a esté anciennement instituée, après grandes festes et nobles assemblées, on présente aux princes et seigneurs et aux nobles hommes le paon ou quelque autre noble oiseau pour faire des vœux utiles et valables, pour ce sujet on m'a ci envoyé avec ces deux damoiselles pour vous présenter ce noble phaisant, vous priant que le veuillez avoir en souvenance. »

    « Ces paroles estant dites, icelui duc print un bref escript, lequel il bailla à Toison-d'Or, et dit tout haut : Je voue à Dieu, mon Créateur, à la glorieuse Vierge Marie, aux dames et au phaisant, que je feray et entretiendray ce que je baille par escript. » Toison-d'Or prend alors l'écrit et en fait lecture à haute voix. C'était le vœu que faisait le prince « d'entreprendre et d'exposer son corps pour la défense de la foi chrétienne, et pour résister à la dampnable entreprinse du Grand-Turc et des infidelles... Et, ajouta-t-il, si je puis, par quelque voye ou manière que ce soit, sçavoir ou cognoistre que ledit Grand-Turc eût volonté d'avoir affaire à moy corps à corps, je, pour ladite foy chrestienne soustenir, le combattray à l'ayde de Dieu tout-puissant et de sa très douce mère, lesquels j'appelle toujours à mon ayde. »

    Bibliographie

    LAFORTUNE-MARTEL (A.), Fêtes noble en Bourgogne au XVème siècle. Le banquet du Faisan (1454): aspects politiques, sociaux et culturels, Montréal et Paris, 1984.

    => apparaît assez puissant pour prendre la tête d’une armée issue de tous les royaumes occidentaux, rôle qui revenait avant aux rois de France et d’Angleterre ou à l’empereur. Il a donc un pouvoir au moins équivalent à ces souverains, même s’il ne porte pas le titre qui va avec.

     Une autre expression de sa puissance est son actif mécénat qui fait de lui le principal protecteur des artistes et des hommes de lettres au nord des Alpes, avec qui ne rivalisent que les grands mécènes italiens => essor de l’école de peinture flamande, école des rhétoriqueurs (littérature, histoire).

     

     

    III- L’Etat inachevé :

     

    Mais les Etats bourguignons conservent de profondes faiblesses :

     

    A-     géographique :

     

    Eclatement entre trois pôles séparés par la Lorraine autonome, la Suisse et la Champagne française (v. carte). Au contraire des autres Etats modernes de l’époque, la Bourgogne n’a pas une capitale mais reste polynodale, le  duc résidant alternativement à Dijon, Besançon, Lille, Valenciennes et Gand.

     

    B-     Politique :

     

    La structure des Etats  bourguignons reste essentiellement féodale, fondée sur le lien personnel établi entre chacune des entités constituantes et le duc de Bourgogne plus que sur un sentiment d’appartenance commune, difficile à établir entre les sujets francophones de Bourgogne et les sujets flamingants des comtés septentrionaux. Cette absence d’identité explique la résistance à l’intégration dans ces Etats des entités qui, comme la Lorraine ou la Suisse, avait déjà générée leur propre identité, ou ce celles qui, comme la Champagne ou la Picardie, étaient déjà attachées à l’identité française.

     

    C-    Administrative :

     

    Très performante fiscalement ou militairement (elle repose sur l’adaptation et l’amélioration des structures administratives royales françaises et anglaises) l’administration bourguignonne se cantonne en fait au duché et à la comté de Bourgogne. Ailleurs, en particulier dans le domaine flamand, les ducs ont du composé avec les exigences des cités qui ont utilisé leur intégration à l’ensemble bourguignon pour échapper aux exigences du roi de France et des princes d’Empire. Ils sont contraints de reconnaître les privilèges et libertés des communes, qui constituent la base de l’administration de ces provinces, même si, dans les campagnes, ils redonnent toute sa vigueur au système des châtellenies qui permettait un quadrillage étroit du territoire et est étendu. Á l’époque où Charles VII et Louis XI s’affranchissent des Etats Généraux, les ducs de Bourgogne reste très dépendants des Etats de Bourgogne qui continuent à garder un droit de regard sur leur politique fiscale et sur l’administration des Etats (en 1464, c’est à eux que Philippe le Bon envisage de laisser la régence pendant son départ en croisade, ce qui aurait été impensable en France).

     

    Conclusion :

     

    La construction politique réalisée par les ducs Valois de Bourgogne souffrait de deux faiblesses intrinsèques qui menaçaient son existence : l’esprit frondeur et autonomiste des cités flamandes qui ne pouvaient accepter leur intégration dans un nouvel Etat dont le centre leur était extérieur après avoir lutté pour les mêmes raison contre le roi de France, et l’importance symbolique et stratégique de la Bourgogne pour ce même roi de France qui estimait avoir sur elle des droits historiques. Trop tardivement amorcée, la construction étatique bourguignonne n’a pu arrivé à terme malgré sa rapidité et son caractère brillant. Enfin, les Etats féodaux constitutifs de cet ensemble étaient trop épars géographiquement, trop divers culturellement, pour fusionner véritablement en un Etat unifié en un temps aussi cours, à l’époque où les idées nationales naissent en France ou en Flandre. Le rêve lotharigien, déjà fragile au IXème siècle, était devenu irréaliste 500 ans plus tard. Le retour de la Bourgogne dans le giron français et l’affirmation des Pays Bas comme entité originale au sein de l’Empire, et les longs conflits que cette situation engendrerait entre les Etats Nations naissants des siècles suivants sont les meilleurs témoignages de l’échec des Etats bourguignons comme projet politique, même s’il nous ont laissé par ailleurs un héritage culturel incomparable.

     






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