Quelques rappeles méthodologiques que je n'ai pu faire vendredi dernier faute de temps : vous observerez que :
1- tout extrait ou résumé du texte doit être commenté et analysé sinon c'est de la paraphrase.
2- on cite toujours le texte avant d'analyser, chaque élément du commentaire doit s'appuyer sur le texte. On peut cependant apporter des connaissances extérieures si elles éclairent le contenu du texte (v. le III)
3- Les parties sont liées entre elles par des transitions, chaque partie s'achève par une conclusion partielle.
Ce qui suit est la reprise intégrale du commentaire présenté le 29/09/06 :
Introduction :
Présentation du document :
La nature du doc : un récit extrait d’une œuvre narrative
L’auteur : Jordanès (Jornandès) : historien du VIème siècle d’origine gothique mais converti au christianisme et écrivant en latin, ce qui démontre bien l’assimilation très rapide de la culture romaine par les barbares installés dans l’ancien empire. Lettré, notaire (= celui qui rédige des actes) de formation, Jordanès travailla au service de princes gothiques aussi bien que d’Italiens d’origine romaine et accompagna le pape Virgile à Constantinople en 551. Il résidait à Ravenne, ancienne capitale impériale romaine devenue la principale résidence des rois ostrogoths d’Italie, puis centre de l’administration byzantine après la reconquête de l’Italie dans les années 550. On lui doit deux œuvres majeures qui témoignent de cette double appartenance : une Histoire Romaine (jusqu’en 552) et une Histoire des Goths …
L’œuvre : … achevée en 552 ou 553, au moment où débute la reconquête byzantine de l’Italie, elle rapporte les tribulations des Goths de leur départ de Scandinavie, au IIème siècle, jusqu’à leur scission en deux rameaux et leur installation en Italie (Ostrogoths) et en Espagne (Wisigoths). D’abord totalement légendaire, cette histoire ce fait plus précises et détaillées à partir de l’entrée des Goths dans l’Empire romain (380) d’abord comme alliés et mercenaires contre les Huns d’Attila, puis comme successeurs de l’empire déclinant. C’est d’ailleurs le propos fondamental de l’ouvrage que de démontrer que les Goths ont été choisis par Dieu qui les a guidé à travers leurs longues années d’exil et les a destiné à prendre la suite des Romains corrompus. D’où une vision très péjorative donnée des Romains dans cette œuvre.
Date du doc / des événements rapportés : Cet aspect culmine dans le récit des divisions et querelles entre les derniers empereurs qui conduit à la chute de l’empire d’Occident, événements qui ouvre la porte à la domination gothique en Italie (v. dernier paragraphe). La date de 476 peut se déduire des deux dates en style romain que donne Jordanés : l’empire commence en 709 de Rome = 79-732 = -23 (accession d’Octavien au titre d’Auguste) et s’achève en 522 du règne des Césars = -46 (1ère dictature de César, ancêtre fictif de tous les empereurs romain) + 522 = 476. Jordanès écrit donc 76 ans après les faits, dans une période de nombreux documents devaient subsister, mais où aucun témoin direct ne survivait.
Conclure sur la valeur historique du document : de l’ensemble de ces éléments on peut conclure que le texte est fiable, bien documenté dans sa composition factuelle, Jordanès n’a pas inventé d’événements. Mais le temps passé entre les faits et la rédaction et le parti pris idéologique de l’auteur l’amène à faire :
- des erreurs ponctuelles : Nepos était le fils et non le neveu de Marcellin ; Avitus régna 4 mois et non quelques jours et ne se retira pas volontairement mais fut déposé, puis chassé de Plaisance.
- un choix dans ses sources et à cacher certains événements.
Analyse : Le texte rapporte la façon dont, dans les années précédant 476, la succession très rapide des empereurs, mus par la seule ambition, entraîne l’affaiblissement de l’Empire d’Occident et, finalement, la déposition du dernier empereur, Romulus Augustule, par le chef barbare Odoacre en 476. Les Ostrogoths prennent alors le pouvoir en Italie.
Contexte : Depuis le IVème siècle, l’Empire romain est divisée en deux parties, l’Empire d’Orient, avec pour capitale Constantinople, qui reste un État puissant et bien organisé, et l’Empire d’Occident, dont la capitale Rome est désertée au profit des villes impériales de Milan et Ravenne, et qui d’affaiblit sous les coups d’une grave crise économique et sociale et d’une série d’invasions barbares. Rome est pillée à deux reprises, par les Wisigoths en 407 puis par les Vandales en 455. En 410, plusieurs peuples germaniques franchissent le Rhin, poussés par les Huns d’Attila qui déferlent à leur tour sur l’empire. Pour assurer la défense de ses frontières, l’empereur d’occident affaibli et privé de moyens doit accepter l’installation de peuples germaniques dans l’empire. Ceux-ci signent un traité (foedus) par lequel, en échange de terres, ils s’engagent à défendre le limes contre leurs congénères. C’est la fédération (faire liste des régions ainsi passées sous contrôle barbare). Dès lors, le titre impérial devient, en occident, l’objet d’une rivalité entre les rois barbares fédérés et les empereurs d’Orient qui espèrent utiliser la situation pour réunifier l’empire.
Problématique : Dès le 4ème siècle, l’empire d’Occident est donc marqué par la présence et l’influence croissante des barbares germaniques, tandis que la noblesse romain se retire progressivement des affaires publiques pour reconstituer son pouvoir dans les campagnes, sur un modèle proche de celui des Germains. Dans un empire peuplé de germains romanisés et de romains barbarisés, la date de 476 apparaît donc, pour les contemporains, comme un non-événement, tant le pouvoir véritable avait depuis longtemps déjà déserté Rome.
Annonce du plan :
Duns un premier temps, il est nécessaire d’élucider la succession des événements qui conduisent à la déposition de Romulus Augustule. Puis l’on verra comment de nouvelles hiérarchies d’instaurent qui concurrencent les vieilles hiérarchies vidées de leur contenu. Enfin, il faudra montrer comment, à travers ses non-dits, Jordanès masque une réalité bien plus complexe que la simple décadence romaine qu’il nous donne à voir.
= une partie événementielle, une partie d’analyse des termes du texte, une partie de critique de la source.