| Accueil | Créer un blog | Accès membres | Tous les blogs | Meetic 3 jours gratuit | Meetic Affinity 3 jours gratuit | Rainbow's Lips | Badoo |
newsletter de vip-blog.com S'inscrireSe désinscrire
http://dreillard.vip-blog.com



VIP Board
Blog express
Messages audio
Video Blog
Flux RSS

année universitaire 2006-2007

VIP-Blog de dreillard
  • 51 articles publiés
  • 15 commentaires postés
  • 1 visiteur aujourd'hui
  • Créé le : 04/10/2006 02:29
    Modifié : 24/06/2007 14:30

    (0 ans)
    Origine : Valenciennes
    Contact
    Favori
    Faire connaître ce blog
    Newsletter de ce blog

     Février  2025 
    Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
    272829300102
    03040506070809
    10111213141516
    17181920212223
    24252627280102
    [ Informations ] [ second semestre ] [ premier semestre ]

    Bonnes vacances

    24/06/2007 14:30



    Un dernier mot pour féliciter toutes celles et tous ceux qui ont été reçus à la première session et souhaiter un bon courage et de la persévérance à celles et ceux qui passent l'oral, ainsi que mes regrets à ceux qui n'ont malheureusement pas réussi. Je laisse encore les corrigés en ligne jusqu'au début du mois de juillet, ensuite, ce blog sera supprimé pour éviter toute utilisation frauduleuse.

    Bonnes vacances à tous.

    M. DREILLARD



    Commentaire de Prette Michaël (élève de deuxième année, groupe B) (01/07/2007 21:23) :

    Juste pour vous dire un grand merci pour cet année et vous annoncer que j'ai obtenu mon semùestre 4 avec la mention AB... Merci à vous pour vos cours et votre soutien! En espèrant vous avoir l'année prochaine comme professeur...


    Commentaire de Vincent DUMAS (02/07/2008 17:04) :

    Bonjour, je cherche à contacter R.DREILLARD. Peut-il me laisser un message sur mon mail habituel ? A bientôt :)


    Commentaire de expolicencehistoire.skyrock.com (10/03/2010 12:00) :

    venez voir mon skyblog

    http://expolicencehistoire.skyrock.com/




    Les époux Arnolfini de Jan Van Eyck (1434)

    20/05/2007 23:42

    Les époux Arnolfini de Jan Van Eyck (1434)


    Cf. Bruno Dumézil, L’occident médiéval => œuvre de Van Eyck, et en particulier les époux Arnolfini, = 1ère apparition véritable de l’individu dans l’art occidental au nord des Alpes, qui traduit véritablement le basculement du Moyen Âge à la Renaissance.

     

    Ce basculement se traduit à trois niveaux :

     

    -         La manière : l’un des premiers tableaux réalisé à la peinture à l’huile, ce qui donne plus d’éclat aux couleurs et accentue le réalisme des figurés ;

     

    -         La technique : l’un des premiers tableaux en perspective cavalière (le premier au Nord des  Alpes) qui inscrit la figuration dans un espace réaliste en trois dimensions (v. en particulier le miroir derrière le couple qui les reflète de dos et à l’échelle, et sert de point de fuite au taleau qui est constrit autour de lui).

     

    -         Le thème : l’une des premières œuvres à représenter des individus certes de haut niveau social mais relativement anonymes (et pas un roi ou un prince) en tant que tels, sans prétexte religieux (cf. le chancelier Rollin) et dans un contexte réaliste voire trivial (la chambre à coucher du couple). Le tableau est une commande et témoigne donc du souci individualiste de la bourgeoisie de conserver un souvenir des grands moments de sa vie (ici sans doute les fiançailles ou le mariage = lointain ancêtre de la photo de mariage). Plus encore, ce souci de l’individu transparaît dans le soin qui est accordé au modelé des personnages, très réaliste, et qui insiste sur leur qualité d’individus uniques, y compris dans leurs défauts (<> à portraits royaux et princiers, très codifiés et presque tous identiques). Cet essor de l'individu est enfin visible dans l'auoportrait de Van Eyck qui apparaît dans le dos des deux époux.

    Mais conserve des traits médiévaux dans les postures très figées et codifiées (geste du mariage, rôles et attitudes masculins et féminins), le costume (pourtant figuré techniquement avec un luxe de détails réalistes), le décor, le statut même des personnages représentés, bourgeois ennoblis par le roi de France. Cette œuvre est aussi un moyen pour ces « parvenus » d’affirmer leur nouveau statut dans une société qui reste très nobiliaire.

     

    + à relier à splendeur des ducs de Bourgogne (Arnolfini = financier et conseiller de Philippe le Bon).

     

    ð       une grande modernité technique et thématique mise au service d’intérêts qui restent inscrits dans une société nobiliaire du paraître, encore très médiévale.

     

    ð       Fonde l’originalité de la Renaissance, période ambiguë de grands progrès techniques et intellectuels mais qui peine à rompre avec l’ordre social médiéval (tendance actuelle à étudier de plus en plus les XVème et XVIème siècle ensembles et à voir les vraies ruptures sous les règnes de Charles V et d’Henri IV).

    => Un tableau à la fois complètement médiéval et déjà complètement renaissant, qui est à la jonction entre les deux époques.






    Le Grand Schisme

    20/05/2007 23:38

    Le Grand Schisme


    Illustration : les deux papes et leurs cardinaux. Miniature des Grandes Chroniques de France, Saint-Denis, début du XVème siècle.

    Intro :

     

    La papauté d’Avignon – gallicanisme et conflit entre le roi de France et la papauté.

     

    Définition d’un schisme (rupture disciplinaire interne à une religion, à distinguer de l’hérésie qui est une rupture théologique).

     

    Comment l’intervention du roi de France dans la vie de l’Eglise a-t-elle entraînée une crise à l’échelle européenne ?

     

    ð       rencontre de cette rivalité politique entre la France et Rome et d’autres préoccupations du même ordre (volonté des souverains espagnols de s’émanciper de la papauté) ou de natures proprement religieuses (remise en cause de la suprématie pontificale, de la richesse du clergé, de l’intervention du pouvoir spirituel dans les affaires séculières).

     

    A de vieilles aspirations césaro-papistes qui ne se distinguent guère des ambitions des Carolingiens ou des Ottoniens de contrôler la papauté et au renouveau du duel entre les « deux glaives » se mêlent donc des éléments de modernité qui contribuent à l’instauration du gallicanisme et annoncent la Réforme.

     

    Pbic : Le Grand Schisme, dernière crise de l’Eglise médiévale ou première étape vers la Réforme ?

     

     

    I-                   Naissance et développement de la cridu schisme :

     

    Á l’origine du schisme se trouve l’action des souverains français qui, en voulant placer le pape à Avignon pour le contrôler provoquent une grave crise entre la papauté et ses sujets italiens. C’est d’abord de cette confrontation franco-italienne, dans un contexte où la France intervient également dans le royaume de Naples, que naît la rupture.

     

     

    A-     L’Eglise aux mains des Français :

     

    Á l’issue de la période avignonaise, 80% des cardinaux et l’écrasante majorité des légats et gouverneurs des provinces des Etats pontificaux sont français, ce qui suscitent la méfiance des autres royaumes et provoquent régulièrement des révoltes en Italie, où ces administrateurs sont perçus comme des envahisseurs, d’autant plus qu’à la même époque, les Valois d’Anjou cherchent à s’emparer du royaume de Naples. Les Français contrôlent donc indirectement plus de la moitié de l’Italie. Le retour de Grégoire IX à 1376, en réaction à ces révoltes ne parvient pas à faire illusion.

     

     

    B-     La révolte des Italiens :

     

    Face à l’absence de l’empereur en Italie, le roi de France devient le principal soutien des Guelfes (partisan de la primauté du temporel sur le spirituel), réactivant la querelle avec les Gibelins (partisan de la suprématie pontificale et de l’indépendance des Etats italiens). Florence, meneuse traditionnelle des Gibelins, prend la tête de la révolte et cherche à étendre l’agitation dans les territoires pontificaux.

     

    Le retour de Grégoire IX en Italie se traduit par une rude répression contre ces révoltes : Florence est placé sous l’interdit et toute sa population excommuniée. En 1377, le cardinal Robert de Genève, chef du parti pro-français, fait massacrer les insurgés à Césène. En réaction, de nouvelles émeutes forcent Grégoire IX à quitter Rome et seule sa mort, la même année, l’empêche de regagner Avignon.

     

     

    C-    Le retour du pape en Avignon :

     

    Son successeur, Urbain VI, est élu sous la pression des Romains révoltés qui exigent le retour d’un italien sur le Saint Siège. Très autoritaire, Urbain VI s’attire en outre très vite l’animosité des Eglises de France et d’Espagne qu’il veut remettre au pas.

     

    Réunis à Fondi en 1378, les cardinaux français soutenus par les royaumes de Naples et d’Aragon élisent un anti-pape, Robert de Genève qui, sous le nom de Clément VII, s’installe en Avignon.

     

    L’élection d’un nouveau pape par les Italiens déchirent dès lors l’Occident entre partisans du pape d’Avignon et partisans du pape de Rome.

     

     

    II-                La Chrétienté occidentale déchirée :

     

    Très rapidement, les soutiens à l’un ou l’autre pape traduisent des choix politiques. L’Eglise devient un enjeu dans la rivalité entre les puissances européennes, tandis que certains utilisent cette crise pour promouvoir de nouvelles idées dans l’Eglise.

     

     

    A-     L’aggravation de la crise :

     

    En 1409, cardinaux et évêques venus des régions qui ont refusé de choisir entre les deux papes s’assemblent à Pise pour former un concile qui doit trouver une solution à la bicéphalie de l’Eglise. Mais la réunion se tient en l’absence des représentants des deux papes. Elle aboutit à l’élection du pape Alexandre V (1409-1410) qui doit se substituer aux deux papes, déchus par le concile.

     

    Cette décision, prise sans avoir préalablement sollicité l’accord des pontifes déposés, est un échec et l’Eglise est désormais divisée entre 3 obédiences.

     

     

     

    B-     Des fractures politiques plus que religieuses :

     

    Théologiquement et dogmatiquement, les 3 papes sont en accord et ils ne se distinguent que sur des points de disciplines et de hiérarchie ecclésiastiques (le pape de Rome tenant pour la suprématie pontificale).

     

    Les choix des différents souverains reflètent des rivalités, des équilibres mouvants, mais aussi la recherche des intérêts de chacun :

     

    -         la France soutenant le pape d’Avignon, l’Angleterre se range naturellement au côté du pape de Rome ;

     

    -         L’Aragon choisit le pape d’Avignon, comme la Castille dans un premier temps, puis celle-ci rallie le pape Pisan pour se distinguer de son voisin et rival, tandis que le Portugal reste fidèle à Rome, afin d’affirmer son indépendance face à elle ;

     

    -         L’empereur soutien le pape de Rome, cherchant ainsi à renouer avec son rôle traditionnel de protecteur de la papauté et à retrouver son influence perdue en Italie, tout en se gardant des prétentions impériales de la couronne de France et de ses tentatives d’intervenir en Italie ;

     

    -         Mais dans l’Empire, de nombreux princes font d’autres choix, parfois dictés par leur recherche d’indépendance, mais aussi par l’intérêt : ainsi, Wenceslas IV de Bohême choisit le pape d’Avignon en échange du versement au trésor royal d’une part du revenu des indulgences pontificales octroyées en terre tchèque.

     

     

    C-    De nouvelles théories mettant en cause le rôle de la papauté dans l’Eglise :

     

    La rivalité entre les papes, le tour politique qu’elle prend et les conflits qu’elle entraîne oblige ces derniers à rechercher de nouvelles sources de revenus : décimes prélevées sur les clergés ralliés à chacun d’eux et financées par des hausses de la dîme et des droits ecclésiastiques,  et surtout généralisation de la vente des indulgences (remise de pénitence pour les pêchés commis accordée par le pape pour une certaine durée, les plus chères étant les indulgences perpétuelles). De telles pratiques renforcent les accusations portées depuis le XIIIème siècle contre la richesse de l’Eglise et sa trop grande implication dans les affaires temporelles.

     

    -         Lollards anglais et Tuchins français.

     

    -         Mouvement pré-réformateur de John Wyclif en Angleterre.

     

    -         A partir de 1402, Jan Hus, un prédicateur praguois, prêche un retour à l'Eglise apostolique, spirituelle et pauvre. Il dénonce les indulgences et attaque vivement la papauté, jugée inutile, privilégiant des Eglises nationales dont les dirigeants seraient élues par les fidèles. Convoqué devant le concile de Constance en 1415, il est condamné pour hérésie et brûlé. Mais ses disciples organisent une Eglise parallèle qui provoque une grande révolte (1419) suivie d’une très rude répression en Bohême (années 1430).

     

    Wyclif et Hus sont des précurseurs directs de la Réforme. Tous deux prennent argument du spectacle navrant offert par les papes schismatiques pour appeler à la suppression de la papauté.

     

     

    Le schisme met donc en péril l’unité du christianisme occidental et l’existence même de la papauté. Des prélats instruits et conscients de ces risques commencent, dans les années 1400, à chercher une solution à cette crise sans précédents.

     

     

    III-             Le conciliarisme et la fin du schisme :

     

     

    La situation devenait d’autant plus pressante que  les mouvements millénaristes se multipliaient : beaucoup voyaient dans les malheur du temps une punition divine résultant su schisme. Face à l’incapacité des trois papes à trouver une sortie de crise, les évêques décident de s’en remettre à la seule structure apte, dans l’Eglise, à remettre en cause les décisions pontificales : le concile.

     

     

    A-     La doctrine conciliariste :

     

    Le pape, vicaire de Pierre, est la principale autorité de l’Eglise catholique. La discipline prévoit néanmoins qu’en cas d’incapacité notoire d’un pontife, celui-ci peut être contredit voir révoqué par un concile œcuménique.

     

    Un tel concile est une assemblée des évêques de toute la chrétienté occidentale qui à l’image du pape, ne tient son autorité que du Christ lui-même et ses décisions émanent directement de l’Esprit.

     

    Très usité en Orient, où les conciles œcuméniques avaient le pouvoir de déposer les patriarches, cette pratique n’a jamais été utilisée en Occident. Elle fait donc l’objet de vifs débats entre les universités de Paris (conciliaire) et de Bologne (anti-conciliaire).

     

    Un premier concile général fut réuni à Bâles, sans pape à sa tête, ce qui était inédit, afin de donner forme à cette théologie conciliaire.

     

    Poussant cette logique conciliaire à l’extrême, les évêques et universitaires réunis à Bâles au début du XVème siècle, et en particulier le cardinal Jean Allarmet de Brogny, français formé à l’université de Paris, placèrent donc le concile au-dessus du pape.

     

     

    B-     La résolution du schisme :

     

    En 1414, les évêques français, allemands, anglais, espagnols et italiens reçurent une convocation pour l’assemblée qui devrait se tenir l’année suivante à Constance sous la présidence du cardinal de Brogny. Afin de mieux affirmer son pouvoir, le concile consacre sa première séance à fixer les prochaines assemblées conciliaires (alors que jusque là, seul le pape pouvait convoquer un concile).

     

    Les légats des papes de Rome et de Pise assistent aux séances. Par esprit de paix, Grégoire XII (Rome) accepte d’abdiquer, tandis que Jean XXIII (Pise) et Benoît XIII (Avignon) sont déposés. Jean se plie à cette décisions, mais les tractations se poursuivent deux ans encore avec Benoît, qui refuse de reconnaître les décisions du concile, et surtout avec la France qui accepte finalement de lâcher le pape d’Avignon, contraint de se retirer en Aragon, seul royaume qui le soutien encore.

     

    Celui-ci privé de tout pouvoir de nuisance, le concile décide alors de se muer en conclave qui choisit Martin V comme nouveau pape le 11 novembre 1418.

     

    Martin V se réinstalle à Rome en 1418. Sa première mesure est de confirmer toutes les nominations de cardinaux des 3 papes, ce qui permet de ramener le consensus dans l’Eglise, et il est désormais reconnu par les 3 obédiences.

     

    A la mort de Benoît XIII, Alphonse V d’Aragon refuse de reconnaître son successeur élu par les derniers cardinaux « avignonnais ». Le schisme prend alors définitivement fin.

     

     

    C-    Les conséquences du schisme :

     

    Le schisme a profondément et durablement affaibli la papauté. Durant tout le XVème siècle, les papes durent tenir compte des conciliaristes et accepter de gouverner l’Eglise en accord avec les séances conciliaires fixées à Constance. Il faut attendre les papes « flamboyants » de la Renaissance pour voir la papauté réaffirmer ses prérogatives.

     

    Cet affaiblissement entraîna aussi la victoire définitive du roi de France : par la pragmatique sanction de Bourges (1438) Charles VII limita les prérogatives pontificales dans son royaume et s’affirma comme le vrai chef de l’Eglise de France, se réservant en particulier les nominations aux diocèses et bénéfices abbatiaux. La France entrait ainsi définitivement dans l’ère du gallicanisme, qui se prolongerait jusqu’à la Révolution. D’autres souverains, en Castille ou en Angleterre, ne tardèrent pas à lui emboîter le pas.

     

    Enfin, certaines mauvaises habitudes prises durant le schisme se perpétuèrent : Martin V et ses successeurs ne revinrent pas sur les augmentations des décimes ou sur la vente des indulgences. Si le concile de Constance et ceux qui suivirent réformèrent la hiérarchie de l’Eglise et son gouvernement, ils ne firent rien pour répondre aux attentes des laïcs quant à leur place dans l’Eglise ou quant à la richesse de celle-ci. De même, malgré les décisions de ces conciles, les mœurs dissolues du bas clergé qu’avaient favorisés le schisme en limitant les moyens de contrôle des 3 papes se perpétuèrent.

     

    Tous ces abus furent directement à l’origine de la Réforme.

     

     

    Conclusion :

     

    Si le schisme naquit d’une querelle entre le roi et le pape très médiévale et fut d’abord le résultat de rivalités politiques utilisant l’arme religieuse typiquement médiévales, il entraîna une série de nouveautés, que ce soit le conciliarisme, le gallicanisme ou les mouvements wyclifiens et hussites, qui firent entrer l’Europe de plein pied dans la modernité. Il constitue donc un véritable moment de transition entre Moyen Âge et Renaissance : dans une optique encore très médiévale, les innovateurs appuyèrent leurs créations sur les autorités anciennes des premiers temps du christianisme, mais les solutions qu’ils proposent annoncent déjà la Renaissance. Et le principal héritage de ce schisme reste bien la Réforme qui, annoncée par les Hussites, allait faire définitivement basculer l’Europe dans les Temps Modernes.






    Le testament de Guillaume de Murol

    20/05/2007 23:34

    Le testament de Guillaume de Murol


    Illustration : le château de Murol (Puy de Dôme), témoignage de l'action de Guillaume de Murol qui le fit rebâtir au début du XVème siècle.

    Intro :

     

    Nature de la source :

     

    Un testament au sens moderne du terme par lequel l'auteur fait part de ses dernières volontés et dispose d'une partie de ses biens en faveur de diverses fondations ecclésiastiques. L’acte est public et rédigé en présence de notaires publics (spécialistes du droit qui assurent sa validité) et de témoins. 

     

    Auteur :

     

    Cas rare au Moyen-Âge dans les docs diplomatiques : l'auteur et le scripteur sont confondus. Guillaume de Sam, seigneur de Murol de 1382 à 1428 était un petit seigneur auvergnat qui avait reçu l'éducation classique du chevalier, mais avait également été élevé à la cour pontificale d'Avignon où ses parents avaient trouvé refuge après le ravage de leurs terres et de leur château par les Anglais dans les années 1360. Il était donc aussi, chose rare dans la noblesse médiévale, un fin lettré ami des arts et bon connaisseur des problèmes religieux. Il voua sa vie à la restauration et à l'amélioration de son château de Murol (Entre Saint Nectaire et le lac Chambon - A une 40aine de km de Clermont) dans la chapelle duquel il se fit inhumé comme en témoigne ce document. Il rassembla également les archives de sa famille qui, cas rares également en France, ont survécu aux destructions des guerres de religion et de la Révolution et nous sont parvenues en intégralité, conservées dans un fond privé par la famille d'Estaing qui hérita du château à la mort de Guillaume.

     

    Date :

     

    30 août 1413 (jusqu'à la réforme calendaire grégorienne, août n'a que 30 jours).

     

    Analyse :

     

    Déjà âgé, mais encore en pleine possession de ses moyens et conscient de la fragilité de la vie humaine, Guillaume élit sa sépulture en son château de Murol et fixe les détails de son enterrement. Il ajoute des recommandations quant à l'emploi de ses biens personnels qui devraient servir à créer une fondation au couvent franciscain de Cler:mont et à rembourser ses dettes.

     

    Critique :

     

    Le texte est avant tout un témoignage précieux sur l'approfondissement de la foi chrétienne chez les laïcs à la fin du Moyen Âge et sur leurs attentes à l'égard de la religion. Toute la seconde partie, très factuelle, est en outre en grande partie confirmée par les restes matériels présents aujourd'hui encore au château de Murol.

     

    Contexte :

     

    Guillaume fut seigneur de Murol essentiellement durant la longue période de trêve franco-anglaise qui sépare l'avènement de Charles VI de la bataille d'Azincourt, à laquelle il prit part en chevalier accompli. Dans cette période de paix précaire, il veilla à restaurer sa seigneurie tant symboliquement, par l'amélioration de son château dont l'es restes témoignent des progès de l'architecture militaire, mais aussi du luxe du cadre de vie quotidien de la noblesse au XVème siècle, que concrètement par la réparation des dégâts causés par les chevauchées anglaises et la Peste Noire (refondation de villages, reconstruction des fours et moulins banaux)et la réaffirmation de ses prérogatives seigneuriales. Il apparaît donc comme typique du mouvement de la néo-féodalité, fondé sur la récupération des droits fonciers et de la rente seigneuriale, revenus qui lui permirent de financer les travaux de son château.

     

    Bien que contemporain du grand schisme qu'il avait pu vivre en personne lors de son éducation en Avignon, il se montre par contre peu préoccupé par les débats qui traversent l'Eglise, et surtout attaché à une foi concrète, efficace, garantie de salut et de vie éternelle.

     

    Problématique :

     

    Pourquoi ce testament se préoccupe-t-il uniquement de l’enterrement de Guillaume et de ses fondations et ne s’intéresse-t-il pas à ses héritiers ?

     

    I-                   Un seigneur du XVème siècle :

     

    Par différents traits du texte, Guillaume de Murol apparaît comme un seigneur féodal héritier du système seigneurial.

    1-     L’héritage et la filiation :

     

    2-     Un chevalier qui a des droits sur les hommes :

     

    3-     La transmission de l’héritage :

     

     

    Ce testament s’explique donc en partie par la nécessité de préserver le souvenir de la famille de Murol avant qu’elle ne disparaisse du fait de son intégration dans un autre lignage. Ce seul soucis ne suffit néanmoins à épuiser sa signification, et il est aussi un témoignage d’une foi sincère inscrite dans son époque.

     

    II-                Une foi simple mais intériorisée :

     

    Guillaume est donc un “ bon chrétien ” qui, malgré le poids du péché imposé par la vie laïque, espère obtenir le salut. Son testament témoigne d’une vision plus apaisée, mais aussi plus intériorisée de la pratique religieuse, qui tranche avec les renoncements spectaculaires de l’ère féodale tout en produisant une plus forte impression de sincérité.

     

    1-     Un seigneur chrétien :

     

    2-     Une foi simple et quotidienne en quête d’efficacité :

     

    3-     Conscience du péché et espoir de la rédemption :

     

     

    Conclusion :

     

    Un document rare et précieux sur la vision du monde d’un petit noble de la fin du Moyen Âge, qui montre qu’à l’issue de 5 siècles d’évolution, seigneurie, chevalerie et christianisme font désormais bon ménage et que mener une vie “ mondaine ” n’est plus un obstacle au salut religieux, pourvu que les fidèles sachent témoigner d’une foi sincère. Sans perdre son rôle dans les stratégies familiales et domaniales de la noblesse, la religion a tout de même fait l’objet d’une intériorisation. Cette place nouvelle offerte aux laïcs dans l’Eglise va les conduire à de nouvelles revendications qui ne tarderaient pas à conduire certains à exiger encore plus et à basculer ainsi dans la réforme.

     

     






    Les réformes militaires de Charles VII

    20/05/2007 23:31

    Les réformes militaires de Charles VII


    Intro :

     

    Source et auteur : v. corrigé de la semaine dernière pour l’Histoire de Charles VII et Thomas Basin. Il est nécessaire de rappeler tout de même la vive hostilité de Basin envers Louis XI, sans laquelle il n’est pas possible d’expliquer les vives attaques portées dans le texte 3.

    Ordonnance : v. corrigé sur l’ordonnance testament de Philippe Auguste. Á partir du règne de Charles V, l’ordonnance devint la forme habituelle de la législation royale et le resta jusqu’à l’apparition des arrêts du conseil au XVIIème siècle.

    Placée sous l’autorité royale, cette ordonnance a été rédigée par les juristes de la cour et on y reconnaît l’influence de Pierre de Brézé et de Guillaume Juvénal des Ursins, les proches conseillers de Charles VII, et des frères Bureau, les chefs de son armée et chevilles ouvrières de sa réforme.

    Date et contexte : Elle ne pose pas de problème puisqu’elle est clairement donnée dans les documents. L’ordonnance de 1445 suit de peu la trêve de Tours qui met un terme provisoire aux affrontements franco-anglais des années 1430 à l’issue desquels Charles VII a reconquis l’essentiel des terres au nord de la Loire et de l’Aquitaine. Seule la Haute Normandie, la Gascogne et Calais restent alors aux mains des Anglais. Charles met à profit cette trêve pour réorganiser et moderniser une armée qui reste fondée sur la chevalerie féodale, discréditée après Azincourt, et des troupes de mercenaires que les aléas du trésor royal sur lequel ils sont payés rend indisciplinés et difficiles à maîtriser. Ces « écorcheurs », qui vivent sur le terrain, sont parfois plus mal perçus par les populations que l’ennemis, et les habitants de Tours applaudissent même, en 1443, à la défaite face aux Anglais des mercenaires écossais qu’ils devaient logés et avaient multiplié les exemptions. La construction d’une armée professionnelle permanente était donc nécessaire pour finir la guerre et s’attacher les populations des territoires reconquis. L’application de ces réformes conduisit à la victoire de Castillon (1453), prélude à l’évacuation du continent par les Anglais, qui est annoncée à la fin du 1er texte.

    Analyse : Les trois textes se combinent pour donner une description de la nouvelle armée permanente épaulée par des unités de réserves territoriales, mais aussi mettre en valeur les critiques que son établissement suscita.

    Bilan critique :

     

    A part le premier, les textes mettent clairement en valeur le lien étroit qui exista entre armée permanente et impôt permanent. Ils illustrent donc la construction de l’Etat moderne qui s’arroge le monopole de la violence (depuis 1438, le roi peut seul lever des gens d’armes) et de la fiscalité, malgré la survivance des redevances seigneuriales dont témoigne le texte 3, sans pour autant rendre compte de la modification profonde de leur signification à la fin du Moyen Âge : face à l’omniprésence de l’impôt et de l’Etat royal, elles prennent en effet la forme de redevances foncières qui traduisent moins un lien politique de protection que la propriété éminente des seigneurs sur la terre. Ainsi, le texte 2, qui ne fut en fait appliqué qu’une fois en 1453, traduit plus un soucis de retour de l’administration centrale dans les campagnes que d’efficacité militaire. Cela n’alla bien sûr pas sans critiques, et c’est ce dont témoigne le texte 3, dans lequel Thomas Basin s’en prend avec virulence au nouvel Etat centralisé symbolisé par l’armée et l’impôt destiné à son entretien et lui oppose le modèle ancien de l’armée féodale financée par les revenus des fiefs. Mais derrière cet apparente passéisme, c’est en fait la politique fiscale et administrative de Louis XI, avec qui l’auteur est brouillé, qui est visée. C’est ce roi que Basin, sans le nommer, traite de tyran. Par sa formation et son histoire personnelle, Basin  était favorable à un Etat respectueux des traditions et coutumes locales, décentralisé et « fédéraliste », plus proche du modèle bourguignon. Il ne pouvait donc ni comprendre ni accepter la construction de l’Etat français centralisé et gouverné par la seule administration royale depuis Paris que mettait en place Louis XI.

    Problématique :

     

    Pourquoi la création d’une armée permanente marque-t-elle le renouveau de l’autorité royale et la reprise de la construction de l’Etat moderne ?

     

    NB : Observez la façon dont ces textes, portant sur un thème restreint, conduit à s’interroger sur une problématique beaucoup plus vaste et englobante. Le choix des textes donnés au commentaire aux examens correspond en général à de tels critères : ils ont pour but de vous faire dire des choses au-delà du seul thème immédiat du texte. Ainsi, le récit d’une révolte de paysans sera l’occasion d’étudier le système seigneurial dans son ensemble, la biographie d’un prince féodal, celle de s’intéresser au fonctionnement du système féodo-vassalique (v. Baudouin de Hainaut). Toute la difficulté est de commenter à la fois le contexte immédiat (que se passe-t-il dans le texte et pourquoi) tout en élargissant le commentaire à une thématique plus vaste (qu’est-ce qui dans ce texte permet de comprendre l’ensemble de la période).

     

     

    I-                   Une armée permanente :

     

     

    A-     La grande ordonnance :

     

    Début du texte 1 : Le préalable à cette réforme est l’élimination des « écorcheurs » (mercenaires) qui sont envoyés se battre en Alsace et en Lorraine (conflits avec les Bourguignons). Une fois ces mercenaires chassés du royaume, seule la mise en place d’une armée permanente peut éviter leur retour à la reprise des hostilités.

    = cavalerie lourde cad chevalerie (nobles) (à compléter par la petite ordonnance : cavalerie légère = cavaliers non nobles, qui fait l’objet d’une ordonnance la même année, non donnée au commentaire)

    Crée une armée permanente, hiérarchisée et centralisée. De plus les uniformes sont standardisés afin de faciliter l’identification des combattants (texte 2 : port de la jaque).

    Structure de cette armée :

    Connétable de France

     

    Maréchaux (1 par province)

     

    15 capitaines (cavalerie lourde) et 15 maîtres de camp (cavalerie légère et infanterie)

     

    100 compagnies de grande ordonnance et 100 compagnies de petite ordonnance

     

    L’unité de base des compagnies est la lance, groupe de combattant constitué autour d’un cavalier (d’où son nom).

    La grande ordonnance de 1445 institue 5 servants autour d’un chevalier.

     

    Cette structure permet de mobiliser en permanence 12 000 hommes dès 1445, et 25 000 à la fin du XVème siècle, ce qui fait de l’armée française la plus puissante d’Europe. S’y ajoute les compagnies d’infanterie chargées de la garde des places fortes et les unités d’artillerie, associées aux lances de petite ordonnance, qui donnent une supériorité décisive aux Français (en 1453, à Castillon, les troupes anglaises sont désorganisées par le tir des canons français qui précèdent la charge).

    Néanmoins, pour répondre aux situations d’urgence et conserver un lien entre la population et son armée, le roi adjoint à cette structure professionnelle une réserve territoriale (troupes non professionnelles mobilisables en cas de conflit = ancêtre du service militaire).

     

    B-     La réserve :

     

    L’ordonnance de Montil-les-Touts institue l’obligation pour les membres les plus aptes de chaque paroisse de recevoir une formation militaire initiale régulièrement renouvelée par des entraînements collectifs. Chaque paroisse doit donc désigner un ou deux hommes pour servir comme archer ou arbalétrier en cas de guerre. Cette réforme est en fait la généralisation des compagnies de francs-archers qui existaient dans les villes depuis le XIVème siècle.

    Ces francs-archers tiraient leur nom des exemption d’impôts directs dont ils bénéficiaient en raison du temps passé à s’entraîner et, en cas de besoin, à combattre.

    Cette réforme associe tout un chacun à la défense du royaume : les archers eux-mêmes donnent leur temps et leur sang, mais toute la communauté, en participant à leurs frais d’équipements et en prenant à sa charge la part d’impôt dont ils sont exemptés est également associée. Le service du roi et la défense du royaume est donc désormais l’affaire de tous, et plus de la seule noblesse (ce que regrette Basin dans le texte 3). On y devine peut-être l’influence de Jeanne d’Arc, fille du peuple à qui Charles VII devait son royaume. Cette dimension de plus en plus territoriale et collective du royaume est l’un des traits qui marquent la naissance de la nation.

     

    C-    La professionnalisation :

     

    De façon générale, tous, par les impôts (texte 3) contribuent au financement de la nouvelle armée.

    Car les hommes qui la constituent sont désormais « soldés » (payés mensuellement par l’Etat), d’où leur nom de « soldats ». Ils ne vivent plus sur le terrain, mais dans des lieux de garnison spécifiques qui vont contribuer à la naissance d’une culture militaire distincte, qui n’est plus liée à la chevalerie et à la noblesse.

    La noblesse perd donc son monopole sur la défense du royaume : même si le critère de naissance subsiste (les chevaliers de grande ordonnance doivent être nobles, les capitaines sont choisis pour leur « naissance et leur notoriété », synonyme de noblesse, et de façon générale, les postes d’officiers restent réservés à la noblesse jusqu’en 1789), la noblesse ne représente plus que les 2/3 des effectifs de cette nouvelle armée.

    De plus, la professionnalisation introduit le critère d’efficacité et de compétence (t. 2 : « Les meilleurs et pas les plus riches ou les mieux vus ») dans le recrutement : il ne suffit pas d’être noble, il faut aussi être bon combattant. Certains nobles sont donc exclus, par leur âge ou leurs aptitudes, du métier des armes, tandis que certains roturiers y accèdent pour les raisons inverses.

    Ces innovations posent en terme nouveau le problème de la place de la noblesse dans le royaume (texte 3).

     

    L’ensemble de ces réformes, par leur ampleur, exige un financement conséquent, pour solder des troupes, et une administration capable d’assurer le recrutement et l’entraînement de la réserve, mais aussi la levée des impôts nécessaires à ce financement.

     

     

    II-                Le renouveau de l’Etat : fiscalité et administration :

     

     

    A-     L’impôt, condition du financement de l’armée :

     

    Le texte 3 insiste sur le lien entre impôts et armée.

    Le texte 2 quant à lui, montre que l’administration fiscale était présente dans chaque paroisse, et les exemptions accordées aux francs-archers témoignent de la généralisation de l’impôt direct (taille, officiellement destiné au financement de l’armée, ce qui explique que les archers en soient exemptés) et indirect (gabelles sur le sel et aides sur le commerce, dont ils ne sont pas exemptés, et qui sont devenues les principaux revenus de la couronne au XVème siècle).

     

    B-     Le retour de l’administration royale :

     

    Le texte 2 en particulier témoigne bien de ce retour de l’administration dans les campagnes, avec une nouvelle tentative de recensement des paroisses et feux afin de connaître l’état exact des réserves, et qui ne sera finalement pas menée à terme, par l’envoi de commissaires + rappel de toute la pyramide administrative, évocation des rôles de l’impôt…

    Combiné au texte 3, il montre bien l’évolution des systèmes seigneurial et féodo-vassalique : les seigneurs châtelains deviennent des rouages de l’administration royale, dont la châtellenie devient la circonscription de base. Les revenus seigneuriaux, que Basin interprète encore comme la rétribution du service militaire de la noblesse sont en fait devenus les émolument par lesquels le roi récompense ses vassaux pour leur participation à la gestion du royaume. Pyramide féodale et pyramide administrative se sont donc progressivement fondues, même si des instances de contrôles hors féodalité (baillis, commissaires) se développent ou se généralisent.

     

    C-    Le monopole royal :

     

    Avant même la fin de la reconquête du royaume, le roi le tient donc beaucoup mieux, grâce à une administration plus efficiente qui s’appuie sur des agents royaux, mais aussi sur les seigneurs locaux et sur les communautés urbaines et villageoises.

    Le texte 2 fait ainsi mention (c’est l’un des premiers cas) de la différence entre pays d’Etats (ou les Etats provinciaux d’Oc ou d’Oïl répartissent l’impôt royal entre les communautés) et les pays d’élection (où cette répartition se fait dans chaque paroisse sous le contrôle direct de l’administration royale).

    De même, les événements locaux comme les fêtes sont utilisées pour rappeler les obligations des sujets, puisqu’elles sont par exemple, ici, l’occasion pour les archers de s’entraîner, et donc de rappeler publiquement à tous leur engagement au service du roi.

    Enfin, ce corps de francs archers qui ne fut partiellement utilisé qu’une fois à la guerre, en 1453, est à l’origine des compagnies du guet de la maréchaussée, ancêtre de notre police. Les francs archers étaient en effet chargés, dans chaque paroisse, de surveiller la population et de réprimer les violences.

     

    Les réformes militaires sont donc pour Charles VII une occasion de rappeler et de renforcer ses exigences fiscales et administratives. En cela elles sont une étape sur la création de l’Etat moderne.

     

    III-             Construction et mise en cause de l’Etat moderne :

     

     

    A-     Le prestige retrouvé de la monarchie :

     

    Grâce aux victoires qui encadrent les réformes militaires (texte 1), le roi devient l’incarnation du royaume et jouit d’une bonne image, dont témoigne Basin dans le texte 3 (« roi sage »). Occasion de rappeler le parcours de Charles VII, ses débuts difficiles, le sacre de 1429…

    La position de Charles VII justifie donc sa place nouvelle dans le royaume.*

    Mais des limites apparaissent.

     

    B-     L’ordonnance de Montil-lès-Tours : un texte plus idéologique que pratique :

     

    Le texte 2 a des visées idéologiques claires : par cette ordonnance, Charles cherche à unifier le royaume en étendant au plat pays ce qui était jusqu’alors un privilège des villes. Désormais, tous les sujets sont traités à l’identique et ce qui était un droit pour certains devient un devoir pour tous. De même, le texte affirme le retour de l’administration royale dans les campagnes après la reconquête.

    Néanmoins, l’impossibilité de le mettre en œuvre intégralement, grandement lie à l’incapacité de l’administration royale d’opérer un nouveau recensement des paroisses et feux montre que les moyens d’action de cette administration restaient limités.

     

    C-    Critique de l’Etat moderne et survie du féodalisme :

     

    Mais la principale faiblesse de cet Etat moderne en voie de construction restait sa grande dépendance à l’égard d’une noblesse dont il remet en cause une part des privilèges, ici militaires. L’État du XVème siècle reste avant tout un Etat nobiliaire. Il n’abolit pas la féodalité, mais la recouvre et l’utilise en ménageant la susceptibilité d’une noblesse frustrée d’une partie de ses attributions par le retour du roi (v. ligue des barons qui se dresse contre Louis XI à son avènement). Cette négation du rôle de la noblesse et son coût pour le peuple fait le fond de la critique de Thomas Basin : pour lui, l’armée féodale financée par les revenus seigneuriaux est suffisante, et l’armée permanente n’est qu’un prétexte de l’Etat pour maintenir une fiscalité permanente, alors que le roi devrait vivre « du sien » (des revenus de son domaine).

    Mais les juristes et les esprits les plus modernes sensibles à la redécouverte du droit antique adressent des critiques qui ne sont pas absentes, en arrière plan, du discours de Basin : la construction d’un Etat centralisé entre les mains d’un seul individu, le roi, porte en germe la tyrannie. Á sa façon, Basin pressent que l’aboutissement logique de la politique centralisatrice de Louis XI est l’absolutisme. Il critique donc le « bon vouloir » du souverain qui utilise l’impôt pour imposer son autorité à tous. Cette attaque est donc directement destinée à Louis XI, qui le premier ne soumet plus sa politique fiscale aux Etats généraux ou provinciaux.

     

    Conclusion :

     

    L’ensemble de ces documents illustre bien la réforme militaire de Charles VII qui, par la création d’une armée permanente, professionnelle et recrutée sur des critères de compétence, allait lui permettre d’achever définitivement, dans les années suivantes, de « bouter les Anglais hors de France ». Mais ils nous montrent aussi le lien étroit entre armée, impôts et construction d’un Etat moderne centralisé dont certains perçoivent déjà les dangers absolutistes, même si les rois de l’époque sont encore bien loin de pouvoir imposer un tel pouvoir, comme l’illustre l’application très partielle de l’ordonnance de Montil-lès-Tours.

    Au fondement de l’Etat et à l’origine de la libération du territoire, ces deux textes sont donc bien des jalons essentiels sur la route qui mène à la France moderne.

     

     

     






    1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 | Page suivante | Fin
    [ Annuaire | VIP-Site | Charte | Admin | Contact dreillard ]

    © VIP Blog - Signaler un abus